Les îles Marquises en attente de classement au patrimoine mondial
Soutenu depuis trente ans par la société civile marquisienne afin de préserver l’environnement, les traditions et favoriser le développement du tourisme, le projet est soutenu par la métropole.
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L’Unesco doit se prononcer le 26 juillet prochain sur l’inscription ou non des îles Marquises, l’un des cinq archipels de la Polynésie française, au patrimoine mondial. Une décision essentielle pour la préservation de leur richesse culturelle et naturelle, selon ses partisans.
Te Henua Enata (Terre des Hommes, en marquisien) se veut ambitieux : il aspire à une classification mixte, couvrant à la fois les aspects naturels et culturels de ces îles. Géographiquement, cette classification concernerait un vaste territoire, englobant des zones maritimes et terrestres réparties sur plusieurs îles de l’archipel.
Les six maires des îles Marquises participeront donc à la 46e session du Comité du patrimoine mondial, qui s’ouvre dimanche à New Delhi et doit durer jusqu’au 31 juillet. Ils viendront défendre l’art du tiki, cette représentation humaine stylisée emblématique de la culture marquisienne, réputée pour le talent de ses tatoueurs et sculpteurs.
« Toute la culture marquisienne est basée sur sa nature », « souligne Tahiaee Teikikaine, coordinatrice des ambassadeurs de l’UNESCO aux îles Marquises. »Il y a des aliments qu’on ne mange que là-bas, comme le chiton, un mollusque marin préhistorique que l’on ne trouve qu’aux îles Marquises.
« Ce qu’il est le plus important de protéger, ce sont nos sites archéologiques », estime le maire de Nuku Hiva, Benoît Kautai. « Nous avons aussi une grande richesse de plantes et d’oiseaux comme l’upe de Nuku Hiva, le pihiti de Ua Huka ou le monarque de Fatu Hiva qui ne vivent désormais que sur ces îles. » Les îles Marquises présentent un taux d’endémisme élevé que le classement de l’UNESCO peut contribuer à protéger.
« Nous avons des projets de zone de pêche réglementée sur l’ensemble des îles Marquises, de mouillages écologiques et nous voulons former des associations pour promouvoir une gestion locale des activités culturelles et environnementales », a-t-il ajouté. explique Cannelle Teao Billard, coordinatrice patrimoine de la Communauté de Communes des Îles Marquises.
Le classement est un label qui permettra aux Marquisiens de solliciter d’autres organismes internationaux pour les aider à préserver leurs richesses naturelles et culturelles. Ils espèrent un développement touristique maîtrisé. « Nous recevons entre 15 000 et 20 000 touristes chaque année et nous pouvons probablement doubler ce nombre », estime Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva, qui souhaite voir un aéroport régional construit sur son île d’ici 2028.
« On n’a pas peur d’avoir trop de monde, je ne pense pas qu’on sera envahi parce qu’on est loin et difficile d’accès », se rassure-t-il. Outre les voiliers, les touristes doivent d’abord atterrir à Tahiti avant de se rendre aux Marquises, à plus de trois heures d’avion.
« Au cours des trois dernières décennies, des pratiques ont été perdues », Tahiaee Teikikaine, pour sa part, est désolée. « La langue marquisienne n’est pas parlée par les nouvelles générations, les chants, la danse, la cuisine, les techniques de pêche ancestrales : tout cela est en train de disparaître. Si tout cela a été en partie perdu en trente ans, qu’en sera-t-il dans trente ans ? Je souhaite que les Marquisiens prennent conscience de la valeur de ce patrimoine (…). L’objectif premier du classement n’est pas le tourisme, c’est la préservation. »
Cette problématique, portée depuis trente ans par la société civile marquisienne, est portée par la métropole. « L’État français est membre de l’UNESCO et a déposé cette candidature à ce titre, en partenariat étroit avec la Polynésie française. Il a également alloué une enveloppe de 242 millions de francs (deux millions d’euros) via le Fonds Vert, de gérer le bien marquisien classé au patrimoine mondial », explique Anatauarii Tamarii, archéologue chargé de la section culturelle du dossier Marquises de l’Unesco.
La décision de l’organisation internationale devrait intervenir à la veille d’un autre événement majeur pour le rayonnement international de la Polynésie française : le lancement des épreuves de surf des Jeux olympiques, le 27 juillet à Teahupoo, sur la presqu’île de Tahiti.