les identitaires déploient des banderoles haineuses avant la marche blanche – Libération
La famille de Matisse avait prévenu : pas de reprise politique, notamment d’extrême droite, sur le corps de l’adolescent tué la semaine dernière à Châteauroux. Leur appel n’a pas été respecté. Vendredi soir, à la veille d’une marche blanche organisée ce samedi 4 mai, une dizaine de militants masqués vêtus de noir ont investi le centre-ville de la préfecture de l’Indre, arborant drapeaux tricolores et banderoles portant les messages « Justice pour Matisse » et « Français ». réveillé», selon France Bleu.
Le rassemblement s’est tenu sur la place de la République, devant la mairie de Châteauroux. La radio publique rapporte que l’un des militants affirme appartenir au groupe « Animus Fortis », un regroupement d’identitaires berrichons, et qu’il se décrit comme « nationaliste révolutionnaire ». Un autre participant au rassemblement a lu un texte qui se terminait par les mots : «Afghans dehors« .
« Attention à tous les partis de droite ou d’ailleurs qui s’approprient ce genre de chose »
L’adolescent a succombé à ses blessures samedi dernier, après plusieurs coups de couteau lors d’une « rixe » survenue dans le quartier Saint-Denis, et le suspect du meurtre est de nationalité afghane, en situation régulière. Il a été mis en examen lundi soir et placé en détention provisoire. Depuis, la machine de récupération de l’extrême droite bat son plein, rappelant les mécanismes déjà à l’œuvre après la mort de Thomas, à Crépol (Drôme).
Sur les réseaux sociaux et dans des boucles de messagerie cryptées, des photos du suspect, de ses parents, ainsi que des liens vers ses comptes personnels sont partagés. Considérant « pressions » et la présence de « de très jeunes enfants » au sein de cette famille, le préfet de l’Indre, Thibault Lanxade, a assuré que « des moyens ont été mis en œuvre pour les sécuriser dès jeudi soir ».
« Ne mélangeons pas les choses. Faites attention à tous les partis de droite ou d’ailleurs qui s’approprient ce genre de chose”, a déclaré le père de Matisse, Christophe Marchais, sur RTL en début de semaine. La famille de Matisse «ne veut pas qu’on parle d’immigration, qu’on parle de nationalité. Ce n’est pas quelque chose qui leur ressemble »avait d’ailleurs prévenu le maire de Châteauroux, Gil Avérous, lors d’une conférence de presse.
Une entreprise CRS en renfort
Pour éviter tout excès lors de la marche blanche, qui doit démarrer à 15h30, la préfecture a décidé de « renforcement d’une entreprise CRS » aux côtés des gendarmes et policiers du département et de la tenue de police « contrôles aux sorties d’autoroute et aux entrées de l’agglomération de Châteauroux ». « Tout acte qui tendrait à utiliser cette marche blanche et ne serait pas conforme à l’esprit républicain, sera étroitement signalé par les forces de sécurité »a prévenu le préfet.
« La famille invite tous les participants à faire preuve de respect tout au long du parcours pour que la balade se déroule dans un esprit apaisé et solidaire », précise un communiqué de la métropole Châteauroux. La promenade, dont le parcours n’est pas dévoilé pour « raisons de sécurité », « passera probablement par le restaurant du père de Matisse (Jeux 2 Goûts, ndlr), avec une balade dans la ville »dit le préfet.
Selon ce dernier, « 3 000 à 10 000 personnes » sont attendus dans cette commune habituellement paisible de 43 000 habitants, où de nombreux commerçants ont affiché vendredi des photos de loutres à leurs vitrines, répondant ainsi à l’appel lancé sur Facebook par le père de Matisse, Christophe Marchais, qui surnommait son enfant « ma loutre » ou « Matou ».