Antoine Armand, ministre de l’Économie, propose d’augmenter la durée du travail pour financer le modèle de protection sociale français, tout en envisageant une révision de certaines exonérations patronales. Une orientation qui suscite des débats et provoque de vives réactions de la part des syndicats et des députés.
Augmenter les heures de travail pour assurer la durabilité sociale
Dans un contexte budgétaire tendu, Antoine Armand, nouveau ministre de l’Économie, a plaidé pour l’augmentation du temps de travail comme solution pour financer le modèle social français. Interrogé par Les Échosle ministre a déclaré que « la quantité d’heures travaillées dans ce pays ne suffit plus aujourd’hui à financer notre modèle social », affirmant que l’État doit envisager de nouvelles mesures pour compenser ce déficit. Parmi les pistes évoquées figurent une augmentation de la durée du travail, ainsi qu’une éventuelle suppression d’un jour férié, deux propositions susceptibles de provoquer des réactions pour le moins contrastées.
Le ministre a comparé la France aux autres puissances mondiales, soulignant que le pays pourrait risquer un déclin économique si des ajustements ne sont pas apportés. Actuellement, la France se situe au milieu du classement européen pour le nombre d’heures de travail hebdomadaires avec une moyenne de 36,3 heures, devant l’Allemagne et l’Italie, mais souffre d’un taux d’emploi relativement faible. , à 74% contre 81% en Allemagne, selon les statistiques européennes.
La question des exonérations patronales est également au cœur des préoccupations du gouvernement pour le budget 2025. Actuellement, le montant de ces exonérations approche les 80 milliards d’euros, après avoir doublé en dix ans. Face à la nécessité de réduire le déficit, Antoine Armand s’est montré ouvert à une augmentation des cotisations patronales, notamment sur les bas salaires, tout en admettant que cette décision rencontre une forte opposition à l’Assemblée nationale.
Pour les syndicats, des mesures qui risquent d’aggraver le chômage
Le 30 octobre, la proposition de refondre ces cotisations a été rejetée par les députés de droite, du Rassemblement national et même certains membres du camp gouvernemental. Cette mesure, prévue pour rapporter entre 4 et 5 milliards d’euros, devra désormais passer le test du Sénat.
Pour répondre aux inquiétudes exprimées par les entreprises, le ministre évoque un éventuel « atténuation » de l’augmentation des cotisations pour les bas salairestout en réaffirmant la nécessité de trouver des efforts alternatifs. Il reste toutefois ferme sur l’idée d’un allongement du temps de travail comme option de financement, malgré l’opposition des syndicats.
Du côté des syndicats, les propositions d’Antoine Armand sont perçues comme des menaces pour le marché du travail. La Confédération générale du travail (CGT), deuxième syndicat du secteur privé, a vivement réagi en déclarant qu’une augmentation du nombre d’heures de travail ne ferait qu’encourager un chômage de masse. Dans un communiqué, la CGT Finances a dénoncé « l’appel à augmenter les horaires et les cadences » ce qui reviendrait selon eux à réduire les opportunités pour les demandeurs d’emploi.
En plaidant pour « efforts » complémentaire, le ministre de l’Économie réaffirme la volonté du gouvernement de maintenir le modèle de protection sociale, tout en indiquant que ces ajustements sont indispensables face aux enjeux budgétaires. La question reste de savoir si le gouvernement trouvera un compromis acceptable au Parlement pour équilibrer l’impératif de financement avec les préoccupations sociales et économiques.