Cette exposition accompagne la sortie du dixième album de la série et la sortie du film en salles.
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Le premier jour de l’exposition, lorsque nous arrivons au Musée de l’Homme, le dessinateur Jul est pratiquement allongé à plat ventre sur le sol et dessine deux personnages au pied d’un mur, un hérisson et une grenouille. Le premier dit : « Un peu bavarde, cette exposition. » L’amphibien répondit : «Et pourtant, que sera-ce quand ils auront inventé l’écriture ! Dans Silex et la ville, l’expositionqui se tient jusqu’au 29 décembre 2024 dans la salle Germaine Tillion, tTout l’esprit de la bande dessinée est là, dans cette confrontation permanente entre deux mondes : celui de la préhistoire et le nôtre.
Cette petite exposition de 200 m2 a été montée en six mois, un temps extrêmement court. Aurélie Clemente-Ruiz, directrice du Musée de l’Homme, et Marie Mourey, les deux commissaires, expliquent que « Le projet consistait à s’en tenir à deux actualités majeures : la sortie de La cléle dixième album des aventures de la famille Dotcom, et celui de film Silex et la ville au cinéma, le 11 septembre« Leur objectif était de s’amuser avec cette exposition. « en gardant le ton de Jul et en créant un dialogue entre l’auteur et un paléoanthropologue de la maison : Antoine Balzeau. »
Coproduite par son éditeur Dargaud, l’exposition a été conçue et réalisée avec Jul. Le concepteur est diplômé de l’École normale supérieure et professeur d’histoire. Il aime « rire sérieux » Pour « s’amuser et apprendre en même temps. » Il cite son « totems : Goscinny (le créateur d’Astérix avec Uderzo) et toutes les bandes dessinées franco-belges« . Il évoque également Gébé, l’un des fondateurs du journal. »bête et méchant » Hara-kiri.
Révélé en 2005 avec son premier album, Il faut tuer José Bové, Julien Berjeaut, alias Jul, a maintenant 50 ans. Il a créé Silex et la ville en 2007, une satire acide de notre quotidien d’humains modernes. La série sera un grand succès et sera adaptée en dessin animé avec 180 épisodes sur Arte… Jul dit encore avoir passé « quinze ans à Charlie Hebdo ». Il a également été le scénariste des nouvelles aventures de Lucky Luke.
La première partie de l’exposition dévoile sa façon de travailler. Jul nous ouvre les portes de son atelier. « J’étais historien, j’ai régressé vers le dessin », plaisante-t-il. Dans une vitrine, ses pinceaux, ses pigments et le carton pour la signature chez Dargaud du contrat du premier album de Silex et la ville. Ses dessins au crayon sont détaillés et encrés avant d’être colorés.
On y découvre le « chemin de fer » qu’il a esquissé avec toutes les pages d’un futur album, le scénario d’une planche, son travail de recherche au stylo sur différents personnages… Avant d’écrire un nouvel album, il dresse aussi de longues listes de vocabulaire, une sorte de boîte à outils dans laquelle il peut piocher en cas de manque d’inspiration. Sur la feuille où il a jeté quelques idées concernant Johnny Hallyday, le journal Salut les gars devient Bonjour les babouins !
La deuxième partie de l’exposition débute par une amusante frise chronologique qui va de l’apparition des dinosaures à la publication du premier volume de Silex et la ville. Pièce choisie : « Il y a 66 millions d’années : les dinosaures disparaissaient, ou presque ! Un de leurs descendants directs, le pigeon, pullule à Paris. »
Dans une vitrine, des pièces des collections du musée côtoient leurs « descendants » modernes. Par exemple, des pointes de flèches et des cartouches de chasse en silex, de la pyrite de fer, un minéral utilisé à l’époque préhistorique pour faire du feu et des briquets, des lames de silex et un scalpel.
Il faut prendre le temps de lire, sous chaque planche de la bande dessinée, l’étiquette sur laquelle apparaît en premier le commentaire très érudit d’Antoine Balzeau, spécialiste de l’évolution des humains préhistoriques et, juste en dessous, la version plus décalée de Jul. Un dialogue plein d’informations et de malices s’inscrit ainsi sur les murs de l’exposition. On y apprend par exemple que les Néandertaliens pratiquaient déjà la chirurgie, que les pigeons sont des dinosaures comme nous l’avons déjà souligné et que les Homo sapiens étaient bien plus grands que nous.
Le style rapide et simple de Jul, influencé par Pétillon, le créateur de Jack Palmer, et par Les Simpson de Matt Groening, offre un regard mordant sur les travers de nos sociétés modernes. « C’est agréable de pouvoir garder vivante cette petite flamme de pensée critique dans un monde de plus en plus décourageant », nous dit-il en conclusion. Seul regret : l’exposition sur les héros de Silex et la ville Cela nous a semblé un peu court. Nous aurions aimé rester un peu plus longtemps dans leur bulle.
« Silex et la ville, l’exposition » À Musée de l’Homme, p.Dentelles du Trocadéro, Paris – Untilau 29 décembre 2024 – Plein tarif : 15 euros / Tarif réduit : 12 euros – Gratuit pour les moins de 26 ans
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