En cas de grand chamboulement au sommet de l’Etat, un bras de fer entre l’Elysée et Matignon pourrait se mettre en place pour les nominations les plus cruciales.
Directeurs généraux, directeurs d’administration centrale, préfets, ambassadeurs : environ 500 postes clés sont des emplois laissés à la discrétion du gouvernement. Pour ces « EDG », comme on dit dans le jargon, Emmanuel Macron disposerait d’un pouvoir de blocage par la signature des décrets de nomination.
Un pouvoir qui serait inévitablement contraint : « En cas de cohabitation, il y a des négociations, car il y a pratiquement une compétence concurrente en matière de nominations », lesquelles sont validées en Conseil des ministres, explique Luc Rouban.
Quant à la théorie de la résistance de l’intérieur, peu y croient parmi les hauts fonctionnaires présents par POLITICO.
Certes, l’administration peut traîner des pieds, faire du microsabotage, mal rédiger les textes et ralentir l’impulsion politique, mais elle ne peut pas mettre des bâtons dans les roues éternellement.
« Un directeur d’administration qui a son projet de loi ou de décret annulé par le Conseil constitutionnel, il ne va pas faire long feu », analyse un ancien directeur de cabinet.
Les hauts fonctionnaires préfèrent se rassurer en invoquant le droit, qui limitera nécessairement la marge de manœuvre du futur gouvernement.
D’après un magistrat, « la réglementation en matière d’aides d’Etat ou le Code de l’environnement ne disparaîtra pas demain, et les fonctionnaires appliqueront la hiérarchie des normes ».