Plus de 33.000 salariés de l’avionneur américain Boeing sont en grève depuis le 13 septembre 2024 (AFP / Jason Redmond)
Et trois ! Les plus de 33.000 grévistes de Boeing votent lundi un nouveau projet d’accord social prévoyant une augmentation des salaires très proche de leurs revendications, mais pas le rétablissement de l’ancien système de retraite.
Le projet annoncé jeudi soir par l’IAM-District 751, branche du syndicat des machinistes (IAM) de la région de Seattle (nord-ouest), propose une augmentation salariale de 38 % sur les quatre années de l’accord social. Le syndicat réclamait 40 %.
La grève a commencé le 13 septembre.
« Je pense que Boeing peut faire mieux. Ils peuvent nous rendre notre pension et faire davantage en termes d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée», a déclaré vendredi Mike Corsetti, inspecteur qualité depuis treize ans.
Comme de nombreux salariés, il souhaite le rétablissement du système de pension de retraite à montant garanti – 42% des syndiqués actuels en bénéficiaient -, aboli par un accord social en 2014 en faveur d’un système de capitalisation.
Pour Boeing, ce rétropédalage est inconcevable car « excessivement coûteux ».
Les nouvelles conditions suffiront-elles à convaincre les irréductibles de ratifier ce texte ? Une majorité simple suffit pour ce vote qui doit s’achever mardi à 03h00 GMT, avec un résultat attendu dans la soirée.
Selon l’Anderson Economic Group, il s’agit de la grève la plus coûteuse de ce siècle aux États-Unis, avec un impact direct de plus de 11,56 milliards de dollars en sept semaines.
– « Ensemble » –
« Il est temps que nous nous rassemblions tous et que nous nous concentrions sur le retour de l’entreprise à la production des meilleurs avions du monde », a déclaré vendredi Kelly Ortberg, patron de Boeing depuis août, dans un message adressé aux employés.
Un Boeing 777 en cours d’assemblage à l’usine d’Everett (nord-ouest), le 26 juin 2024 (POOL/Jennifer Buchanan)
Selon le président de l’IAM-District 751, Jon Holden, interrogé par le Seattle Times, Kelly Ortberg a prévenu qu’en cas de nouveau refus, « la prochaine offre (serait) moins favorable ».
Ces derniers n’avaient jusqu’alors pas participé directement aux négociations.
Il s’agit de la quatrième offre de Boeing depuis début septembre, mais la troisième soumise au vote des membres.
La première, rejetée le 12 septembre par près de 95 % des syndiqués qui ont également voté pour une grève immédiate, prévoyait une augmentation de 25 %. Boeing a alors proposé 30 %, puis 35 % et enfin 38 %.
Le groupe a également rétabli une prime annuelle (4% du salaire annuel), augmenté la prime de ratification (de 3 000 à 12 000 dollars) et augmenté la contribution au régime de retraite par capitalisation.
Les membres du syndicat des machinistes IAM-District 751 ont approuvé la grève le 12 septembre 2024 (AFP / Jason Redmond)
Elle a maintenu son engagement de fabriquer son prochain avion – attendu d’ici 2035 – dans la région de Seattle, berceau de Boeing, ce qui représente une garantie de dizaines de milliers d’emplois pendant plusieurs décennies.
« Cette offre est plutôt bonne », a déclaré Kamie Bryan, employée de Boeing depuis 18 ans et déterminée à l’approuver cette fois-ci. « Tous ceux à qui j’ai parlé depuis que cela a été rendu public l’aiment. »
– Banque alimentaire –
Avec la grève, elle dit pouvoir « tenir financièrement jusqu’en décembre » mais « j’ai beaucoup de frères et sœurs syndiqués qui sont en difficulté », évoquant le recours à la banque alimentaire.
Les grévistes, sans assurance maladie depuis fin septembre, ont reçu 250 dollars par semaine du syndicat depuis la quatrième semaine de grève.
Les dirigeants syndicaux avaient recommandé la ratification de la première offre, arguant qu’ils n’avaient aucune garantie d’obtenir davantage en cas de débrayage, mais ils se sont abstenus lors du deuxième vote (64% de rejet).
Un Boeing 737-8 dessiné sur un hangar de l’usine de Renton (nord-ouest), le 3 novembre 2024 (AFP / Jason Redmond)
Cette fois, Jon Holden est très clair : « Vous pouvez, en toute confiance, crier victoire, voter en faveur de cet accord et en faire bénéficier les générations futures », a-t-il écrit sur le site du syndicat.
Selon lui, la hausse salariale atteindra effectivement 43,65% à la fin du contrat puisque la rémunération de référence augmentera d’année en année.
« Avec de la chance, ils l’approuveront. Une augmentation de salaire de 38%, ils devraient sauter sur l’aubaine », a commenté lundi Michael O’Leary, patron de Ryanair, sur CNBC.
Client majeur de Boeing, il estime que les retards de livraison et de certification (737 MAX 7 et 10) le priveront de 15 millions de passagers en 2024 et 2025.
La fin de la grève est cruciale pour Boeing, en grande difficulté financière car le débrayage paralyse les deux usines produisant le 737 – son avion phare -, le 777, le 767 et plusieurs programmes militaires.