Nous, acteurs du secteur maritime, portuaire et logistique français, en dehors de tout engagement politique, alertons sur les conséquences stratégiques, économiques et sociales des choix qui seront faits dans les semaines et les mois à venir.
Depuis le début de la campagne électorale, la taxe dite « au tonnage » fait l’objet d’une incompréhension qui alimente la polémique. En réalité, c’est la taxe des armateurs du monde entier depuis plus de vingt ans : elle répond aux contraintes spécifiques d’un secteur qui nécessite des investissements massifs et qui est soumis aux incertitudes internationales. En témoignent les nombreuses années de pertes catastrophiques subies par le secteur. Il ne s’agit en aucun cas d’un singularisme français, bien au contraire : 22 pays de l’Union européenne l’appliquent, afin de donner à leurs compagnies maritimes les moyens de lutter à armes égales contre une féroce concurrence étrangère, notamment chinoise. Dans le monde, elle s’applique à 86 % de la flotte.
La France est un exemple en matière de décarbonation du transport maritime
Deuxième malentendu qu’il convient de corriger : cette taxation aurait un impact budgétaire stratosphérique pour la France, puisqu’on parle de 5 milliards d’euros par an. Ces chiffres ne prennent toutefois en compte que deux années exceptionnelles. La vérité est en réalité cent fois moindre : de 2010 à 2020, l’impact budgétaire de cette taxe a été en moyenne de 46,36 millions d’euros pour l’ensemble des 57 armateurs français concernés. La suppression de ce régime ne permettra certainement pas de résorber les déséquilibres budgétaires de l’Etat. En revanche, cela conduirait certainement à un effondrement de la compétitivité des secteurs maritimes et portuaires français et au déclin inévitable d’un pavillon français redevenu dynamique grâce à ce régime.
Par ailleurs, et alors que la France est citée en exemple en matière de décarbonation du transport maritime, une telle mesure réduirait la capacité du secteur à assurer sa transition énergétique, dont le coût estimé est de 30 milliards d’euros par an jusqu’en 2050.
En 2023, 90 % des marchandises mondiales transiteront par le fret maritime et 72 % des importations et exportations en France en dépendent. Le transport de passagers, les matières premières, l’énergie, l’alimentation et les produits manufacturés, nos câbles de télécommunications, tous les biens essentiels à notre vie quotidienne et à notre autonomie stratégique, transitent par la mer.
Les activités portuaires et de transport maritime représentent 123 000 emplois directs
Les activités portuaires et de transport maritime représentent à elles seules 123 000 emplois directs et 400 000 emplois indirects pour une valeur de production annuelle de près de 40 milliards d’euros. Ils constituent un débouché d’avenir pour notre jeunesse, avec notamment un besoin important de jeunes officiers. Sur le territoire national, des familles, des villes et des zones côtières entières en vivent, du Havre à Marseille, en passant par Fort-de-France ou Nouméa.
Rappelons enfin que la France possède le deuxième domaine maritime au monde. L’existence d’une flotte commerciale constitue un outil stratégique essentiel à sa souveraineté et à son indépendance, notamment dans le contexte géopolitique actuel. Comment, sans une telle flotte, pourrions-nous assurer notre souveraineté, face à la montée en puissance des armateurs étrangers largement soutenus par leurs États, notamment en Asie ? Comment, sans une telle flotte, pourrait-on répondre aux besoins urgents de l’État, comme cela a été le cas à de nombreuses reprises, encore récemment dans les territoires d’outre-mer ?
La future représentation nationale et le gouvernement se retrouveront bientôt devant un choix : mettre en péril un secteur stratégique et créateur d’emplois ou maintenir un secteur maritime marchand, portuaire et logistique puissant, au service des intérêts nationaux et du rayonnement de la France. Ils se souviendront alors, nous l’espérons, de cette phrase attribuée au cardinal de Richelieu : « Les larmes de nos souverains ont le goût salé de la mer qu’ils ignoraient. »
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