« Au départ, l’accueil était mitigé. Il y avait une méfiance envers la malbouffe, qui arrivait à la pointe bretonne, alors que ça n’en est pas ! » Claude Bourva, 59 ans, se rappelle ainsi l’arrivée à Brest du premier restaurant McDonald’s en Bretagne, le 10 mai 1985, il y a 40 ans. Dans une galerie commerciale Coat ar Gueven alors flambant neuve, rue Jean-Jaurès, au centre-ville. Il y est entré comme « équipier » dès 1987. « Il y avait très peu de boulots pour les étudiants, à cette époque. Joël Tréguer, qui a créé le restaurant, m’a proposé d’y faire un bout de carrière. » Qui allait durer 37 ans, une rareté dans un groupe qui, cela dit, aime à faire gravir des échelons en son sein.
Claude Bourva a ainsi ouvert en 1991 le McDo de la zone de Kergaradec comme manager avant d’être nommé directeur de celui de Carrefour, boulevard de Plymouth, deux ans plus tard. Il est revenu rue Jean-Jaurès comme directeur de 2016 à 2024. Entre-temps, Joël Tréguer avait vendu en 2000 à la maison mère. Sa fille Joséphine a racheté la franchise boulevard de Plymouth puis au centre-ville, dans les années 2010, après son décès. Bref, une saga familiale et locale pour ce symbole de la mondialisation !
Claude Bourva (à gauche) a commencé en 1987 au McDo du centre-ville de Brest, le premier de Bretagne, comme équipier alors qu’il était étudiant. Il l’a ensuite dirigé de 2016 à 2024. C’est Philippe Léon, jusque-là son adjoint, qui lui a succédé en novembre dernier. (Photo Le Télégramme/David Cormier)
La clientèle a peu changé
« Joël Tréguer a été formé à Nantes en 1984 et comme il était du Relecq-Kerhuon, quand McDonald’s lui a demandé où il voudrait ouvrir un restaurant, il a pensé que Brest, ce serait bien… », raconte Claude Bourva. Le Télégramme du samedi 11 mai 1985 évoquait « un investissement proche de sept millions de francs », un peu plus d’un million d’euros mais sans tenir compte de l‘inflation, pour cette surface de 700 m2. La décoration était marine, il y avait un coin pour enfants et le clown Ronald McDonald. « Il a été volé plusieurs fois », raconte l’ancien directeur.
Le Big Mac était particulièrement prisé lors des premières années du McDo de Brest. Aujourd’hui, ce sont plus les nuggets et les petits prix. (Photo Le Télégramme/David Cormier)
Le dimanche reste le plus gros jour pour l’enseigne, notamment le soir.
À l’époque, les clients, « c’était un peu comme aujourd’hui : pas mal de jeunes, pour une glace, une boisson, et le midi des gens qui travaillent. Le soir, des étudiants et des familles », se rappelle-t-il. « Le dimanche soir, assez vite, des familles se sont rendu compte qu’après la balade, c’est très pratique de venir là : pas besoin de cuisiner et c’est rapide. Le dimanche reste le plus gros jour pour l’enseigne, notamment le soir… »
Une concurrence désormais bien plus forte
« Il y a plus de lycéens le midi qu’avant », témoigne toutefois Philippe Léon, 51 ans, qui lui a succédé en novembre dernier. Il avait commencé lui aussi comme équipier, en 1993, au restaurant proche du Carrefour. « Et depuis quatre ou cinq ans, les gens demandent surtout des produits pas chers », tandis qu’au début, quand il n’y avait que quatre burgers à la carte, des nuggets, un dessert et le milkshake, ce n’était pas le cas. Les nuggets ont supplanté le Big Mac. « Mais dans d’autres endroits, à Guilers par exemple, où la clientèle est plus familiale, c’est différent », reprend Claude Bourva.
Des milliers de pains amenés de Paris par avion pour des militaires américains « Ce devait être en 1985 ou 1986, avant que je commence à travailler au McDonald’s de Brest », raconte Claude Bourva, qui allait le diriger plus tard. « Le responsable, Joël Tréguer, m’a raconté qu’un navire de l’armée américaine avait accosté à Brest. Les marins voulaient tous des hamburgers et on était en rupture de pains, les buns. Il n’y avait qu’une centrale en France à l’époque, à Paris. Il a fallu en faire venir des milliers par avion ! »
Le McDo de « Coatar » fait partie d’un paysage qui a bien changé depuis 40 ans. « La concurrence est bien plus forte ! », constate Philippe Léon. D’autres enseignes de burgers (ou autres tacos) sont arrivées, les boulangeries vendent des sandwiches et, par ailleurs, énormément de restaurants proposent des burgers à leur carte. Le tout dans un contexte de crise… Mais très peu de McDonald’s ont fermé. Les trois de Brest sont toujours là.
