Les frontaliers prêts à se ruer vers l’Allemagne face à la hausse des prix à la pompe
Dans une étude publiée mercredi dernier, l’Insee revient sur les variations de la facture de carburant entre 2020 et 2023 de part et d’autre de la frontière. Les ménages sont prêts à prendre la route pour économiser de précieux euros, concluent les statisticiens.
Face à l’inflation, les Français font fi des frontières. Publiée mercredi dernier, une étude de l’Insee s’intéresse à la façon dont nos concitoyens vivant à quelques kilomètres de l’Allemagne parviennent à faire des économies de carburant quand les temps sont durs. Quitte à prendre la voiture pour aller faire ses courses chez nos voisins.
Dans leurs travaux, les statisticiens nationaux se concentrent sur les achats de carburants effectués en Allemagne par les frontaliers français, en fonction de l’évolution des prix à la pompe. Sans surprise, les ménages concernés sont très conscients des différences entre les prix, et adaptent leur consommation en fonction des avantages de part et d’autre de la frontière. Ainsi, si, en règle générale, les dépenses de carburant à l’étranger représentent 4,4 % des dépenses totales de carburant des ménages français, « les ménages résidant dans les départements frontaliers achètent naturellement plus à l’étranger que les ménages des autres départements »La proportion peut alors grimper à 20 % dans certains départements, voire 41,1 % pour les ménages résidant en Moselle et 22,7 % en moyenne pour « départements frontaliers de l’Allemagne ».
Ces proportions varient toutefois sensiblement en fonction de l’évolution des prix, alors que ceux-ci peuvent suivre des variations opposées entre la France et l’Allemagne, en fonction notamment de la fiscalité. Par exemple, fin décembre 2020, le diesel coûtait 0,15 euro de moins en Allemagne. Puis, lors de la crise énergétique de 2022, les prix ont varié en fonction des mesures prises par les deux gouvernements pour limiter la poussée inflationniste. Ces différences sont loin de passer inaperçues : « Face aux fortes variations des prix des
carburant des deux côtés de la frontière franco-allemande entre fin 2020 et début 2023, les ménages ajustent leur approvisionnement en Allemagne »notes INSEE.
Un écart réduit, en septembre 2024
Les données recueillies par l’Insee sont éloquentes, et confirment l’attention portée par les automobilistes aux variations : plus l’écart entre les prix de part et d’autre de la frontière est important, plus les habitants des départements frontaliers iront acheter en Allemagne, mais même une petite différence peut attirer les clients. Par exemple, les achats enregistrés outre-Rhin ont représenté entre 15 % et près de 25 % du total, entre septembre 2020 et décembre 2020, lorsque l’écart de prix était d’environ 17 centimes. « Lorsque le prix relatif du carburant (en Allemagne par rapport à la France) augmente de 1 %, la demande relative diminue en moyenne de 8 % dans les départements frontaliers. Sur la période étudiée, une augmentation de 10 centimes du prix du carburant en Allemagne conduit les ménages résidant dans les départements frontaliers à diviser par deux la part de leur approvisionnement en Allemagne. »l’étude analyse.
Pour les consommateurs, les bénéfices ne sont pas minces : ils sont prêts à parcourir plusieurs kilomètres pour faire le plein, en fonction des prix. Une tendance renforcée par les outils numériques, qui permettent de comparer les factures en ligne ou de dénicher les bons plans des autres internautes. Mais la course aux bonnes affaires est aujourd’hui moins intense, alors que la facture pour faire le plein est au plus bas depuis 2022 et que l’écart de prix s’est considérablement réduit. Selon les données de la Commission européenne, début septembre, un litre de SP95 valait en moyenne 1,75 euro en France et 1,73 euro en Allemagne. Pour le diesel, l’écart n’était que de quatre centimes d’euro.
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