Les Français vont bientôt payer plus pour financer le réseau électrique
C’est un acronyme peu connu du grand public, et pourtant qui va bientôt contribuer à l’augmentation des charges sur la facture d’électricité : le TURPE, ou tarif d’utilisation du réseau public d’électricité. Cette contribution devrait en effet augmenter de 9 euros par mégawattheure (MWh) à partir de l’année prochaine, auxquels il faudra ajouter 5 euros/MWh pour financer les zones non interconnectées (ZNI), a annoncé vendredi le ministre de la Transition écologique et du développement. . Énergie, Agnès Pannier-Runacher. Ou un montant » énorme », commente l’économiste Jacques Percebois, spécialiste des marchés de l’électricité.
Et pour cause : fixé actuellement à 61 euros/MWh (hors TVA), ce « péage » devra financer des investissements colossaux dans la transition énergétique, estimés à près de 200 milliards d’euros entre 2025 et 2040 par RTE et Enedis, les deux réseaux. gestionnaires. Le but : connecter de nouveaux parcs éoliens et solaires ou encore des bornes de recharge pour voitures électriques qui nécessitent, schématiquement, de tirer toujours plus de câbles. Mais aussi améliorer leur résistance aux événements climatiques extrêmes par exemple. Ce tarif représente actuellement un peu moins d’environ un quart de la facture finale d’un client résidentiel, mais cette part pourrait croître.
Variable de réglage
C’est aussi le TURPE qui empêcherait l’exécutif d’augmenter drastiquement la taxe sur la consommation d’électricité (ou « accises ») dans son projet de budget présenté jeudi. En effet, le gouvernement s’est engagé à réduire de 9 % le tarif réglementé de vente d’EDF en 2025, ni plus, ni moins (contre environ -20 % s’il n’intervenait pas) pour éviter toute grogne sociale. .
«L’objectif qu’il se fixe est d’augmenter les impôts pour renflouer les caisses de l’Etat, sans que cela soit trop explosif politiquement. Or, si le TURPE augmente de 14 euros/MWh l’an prochain (y compris ZNI, ndlr), cela réduit encore sa marge de manœuvre pour prendre davantage de son côté, au risque d’arriver à une facture trop élevée. pour les consommateurs », explique une source bien informée.
Autrement dit, comme nous l’écrivions jeudi dernier : « Le TURPE n’est pas la variable d’ajustement pour l’État, puisqu’il n’a aucun contrôle sur celui-ci. Mais plutôt l’accise, qu’il devra adapter en fonction », ajoute Jacques Percebois.
Baisse de la demande en électricité
Car rien n’est encore décidé. Ce jeudi, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) lance une consultation publique sur ce futur tarif, pour une durée de six semaines, à laquelle peuvent participer associations de défense des consommateurs, entreprises, syndicats et toute personne publique. qui le veut. Une décision sera ensuite prise sur le niveau définitif du TURPE pour les trois prochaines années, avant d’être communiquée d’ici janvier prochain, indique la CRE.
Et pour ce faire, plusieurs paramètres seront à prendre en compte. Notamment l’évolution de la demande des Français en électricité, puisque ce « tarif de réseau » sera prélevé sur les électrons qu’ils consomment. Logiquement, plus celui-ci augmente, plus le montant à payer pour chaque MWh sera faible, puisque la facture globale à payer pour rémunérer Enedis et RTE sera étalée sur une assiette plus large. Or, en France, la demande est en berne depuis plusieurs mois. « La baisse a été impressionnante pendant la crise, mais elle n’est toujours pas revenue aux niveaux de 2019. », note Jacques Percebois. Résultat : la part que chacun doit payer est plus importante.
Cercle vicieux
Le même problème s’observe également pour le gaz : alors que le coût d’entretien des réseaux restera stable, les consommateurs qui doivent le financer diminuent, augmentant ainsi la contribution de chacun.
Il n’en demeure pas moins que pour l’électricité, ce phénomène semble anachronique, même si le gouvernement incite à se détourner des énergies fossiles comme le gaz et le pétrole pour lutter contre le réchauffement climatique. Surtout, cette baisse de la consommation actuelle pourrait entraîner un cercle vicieux : si elle n’augmente pas, le TURPE sera plus élevé. Cela rendra l’électricité plus chère, ce qui incitera davantage les gens à s’en éloigner, et ainsi de suite. Le serpent qui se mord la queue.