Dans les petits villages du Ventoux, historiquement ancrés dans une culture radicale-socialiste, le vote d’extrême droite progresse. Il gagne les agriculteurs des secteurs des fruits et légumes, qui dépendent pourtant de la main d’oeuvre étrangère, notamment espagnole et nord-africaine.
Tout le monde est conscient que le travail est dur et que le besoin de main d’œuvre étrangère est d’autant plus grand que les locaux ne veulent plus être aux champs. Ce constat alimente le ressentiment des agriculteurs contre une « France des assistés sociaux » que chacun, quelles que soient ses opinions politiques, décrit par opposition à ses valeurs.
Depuis la crise du Covid-19, aucun d’entre eux n’est venu « des collégiens qui ont fait ça pendant l’été pour payer leur année »», racontent Frédéric et Nicolas Ruel, père et fils, dans leur centre de conditionnement, où les cerises sont triées, calibrées et mises en barquettes, près du village de Villes-sur-Auzon. Tous deux, descendants d’immigrés italiens, ont voté pour Jean Lassalle aux élections européennes – il a obtenu 7% dans la commune. Ils sont en colère contre l’Europe et ces cerises belges qui inondent le marché à moindre prix. « On nous matraque, on surveille nos cerises, alors que ces produits traversent les frontières sans contrôle pour arriver moins cher » (au marché) Rungis (Val-de-Marne)», s’agace Nicolas. Ils citent l’interdiction européenne, en 2022, d’un insecticide qui protégeait les fruits de la mouche asiatique Drosophila suzukii. L’année 2023 a été catastrophique.
