Les Français remettent leur épargne sur leurs comptes bancaires
Changement de comportement chez les épargnants ? L’argent dormant sur les comptes courants des particuliers repart lentement à la hausse au deuxième trimestre, selon les données publiées ce jeudi par la Banque de France, une première depuis l’été 2022.
» Les premières données (encore partielles) portant sur les principaux placements financiers des ménages pour le deuxième trimestre 2024 indiquent notamment un coup d’arrêt dans le mouvement de sorties (flux net négatif, NDLR) sur les dépôts à vue. « , explique la Banque de France dans son rapport trimestriel sur l’épargne et le patrimoine des ménages.
Après avoir stagné juste en dessous de 550 milliards d’euros entre février et mai, les dépôts à vue des ménages s’établissaient à 554 milliards d’euros en juin.
Les taux d’intérêt augmentent
Pour rappel, cette masse d’argent dormant sur les comptes courants n’avait cessé de croître, aussi loin que remonte l’histoire publique de la Banque de France (janvier 2003), pour culminer à 639 milliards d’euros à l’été 2022.
L’augmentation des taux d’intérêt, répercutée sur les principaux produits d’épargne à capital garanti (Livret A, comptes à terme, etc.) a, à cette époque, poussé les épargnants à mieux utiliser cet argent en l’investissant dans des produits qui leur génèrent des revenus.
Mauvaise nouvelle pour la rentabilité des banques : les dépôts à vue sont en réalité bien plus lucratifs pour elles, puisque les établissements bancaires ne les rémunèrent pas ou très peu. La rémunération moyenne des dépôts à vue s’élève à 0,07 %, soit dix fois moins que les entreprises pour le même produit (et à peu près le même encours total), et très loin des taux pratiqués pour les crédits. L’enjeu est d’autant plus grand pour les banques que le patrimoine financier des ménages a atteint 6 267,6 milliards d’euros au premier trimestre, selon les dernières données disponibles. Un record.
L’assurance vie et le Livret A au plus haut
Les données publiées ce jeudi montrent également un regain d’intérêt des épargnants pour les fonds d’assurance-vie en euros et une désaffection pour les fonds immobiliers. Ces derniers font en effet face à des dévaluations d’actions et à des demandes de retraits.
SSelon les données de France Assureurs publiées le 26 juillet, les épargnants ont continué à renflouer leurs contrats en juin, pour le sixième mois consécutif, et les cotisations ont enregistré une hausse de 13% depuis le début de l’année. L’assurance vie a enregistré des performances exceptionnelles au cours de ce premier semestre 2024. Les cotisations ont notamment atteint un niveau record, alors que la collecte nette n’avait pas enregistré de tels résultats depuis 2010. « , a indiqué Paul Esmein, directeur général de la fédération professionnelle.
Dans le même temps, les cotisations à un plan d’épargne retraite (PER) se sont élevées à 838 millions d’euros en juin, en hausse de 19% sur un an. Ce contrat a par ailleurs enregistré 76.300 nouveaux assurés sur le mois.
En revanche, après un premier semestre 2023 record, grâce à la remontée des taux d’intérêt, les Livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) ont renoué avec des performances plus modérées au premier semestre de cette année, en augmentant de seulement 15 milliards d’euros de janvier à juin. Le mois de juin 2024 a été honorable (1,8 milliard d’euros de collecte nette pour les Livrets A et LDDS). Mais à l’échelle d’un semestre, la comparaison avec l’an dernier n’est pas flatteuse.
Entre janvier et juin 2023, les deux livrets ont attiré 34,5 milliards d’euros, un montant plus de deux fois supérieur à celui de la même période cette année. L’encours total des deux livrets, qui présentent des caractéristiques similaires, a atteint 579,9 milliards d’euros au 30 juin, dont 425,5 milliards d’euros pour le Livret A, produit phare de l’épargne réglementée, selon les données publiées en début de semaine par la Caisse des dépôts (CDC).
(Avec AFP)