« Nous mangeons fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas, de peur que vous ne mouriez. (Genèse 3:2-3). Peu d’études scientifiques citent immédiatement des versets bibliques… et concluent par un dialogue entre « Roméo et Juliette »un couple de « gestionnaires forestiers » !
La critique (iForest – Biogéosciences et Foresterie) est pourtant l’une des plus graves, exigeant une évaluation par les pairs avant publication des articles de recherche. Si les auteurs – français et italiens – ne s’interdisent pas un brin d’ironie, c’est peut-être parce qu’il y a urgence : près de quatre millions d’hectares de forêts tropicales primaires ont disparu l’an dernier (World Resources Institute, 2024).
Ainsi, la métaphore biblique – toucher le « fruit » aurait eu des conséquences dévastatrices pour l’humanité – souligne le « Il est impératif d’éviter tout impact anthropique sur les forêts encore vierges »résument nos confrères de La Reppublica (10 septembre 2024).
Mais existe-t-il encore des forêts intactes ? Les auteurs font en réalité référence à celles qui ne sont pas (encore) exploitées pour leurs ressources et qui ne subissent donc que les effets indirects des activités humaines. Car aucun écosystème n’est aujourd’hui à l’abri du changement climatique.
Un quart de la surface forestière (environ 1 milliard d’hectares) est encore à l’état de « forêt ancienne », c’est-à-dire une forêt ayant atteint un âge très avancé sans avoir subi de perturbations majeures dues aux activités humaines, et 20 % de cette surface peut être classée en « paysage forestier intact », désignant une surface forestière d’au moins 500 km2 sans aucune action humaine à distance.
« Ce que nous demandons, c’est que les forêts vierges évoluent sans perturbation, car elles représentent sans aucun doute un « coffre aux trésors » biodiversité potentiellement décisive pour notre avenir »confie à ses compatriotes le professeur Augusto Zanella, premier auteur de l’étude et spécialiste en écologie des arbres et des sols à l’Université de Padoue.
Concrètement, les auteurs prônent une sylviculture qui tienne compte de l’évolution des sols en fonction de l’âge des arbres. En effet, lorsque la forêt est jeune et en forte croissance, il y a un transfert de nutriments du sol vers les arbres, alors que lorsque l’écosystème est mature, à l’inverse, c’est la forêt qui à son tour restitue les nutriments au sol.
Alors qu’un chêne peut vivre jusqu’à 700 ans, un peuplier jusqu’à 200 ans ; voire 2 000 ans pour certains séquoias, les cycles forestiers dépassent rarement 100 à 150 ans. « Si nous enlevons les arbres lorsqu’ils sont relativement jeunes, nous empêchons les nutriments de retourner au sol, ce qui entraîne un épuisement à long terme du système. »souligne le chercheur italien.
GrP1
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