«Les forces ukrainiennes sont en désarroi» dans le Donbass, où la situation se détériore rapidement pour Kiev
Est-ce un tournant dans la guerre déclenchée par la Russie en 2022 ? Ces derniers jours, des informations inquiétantes pour l’Ukraine arrivent du front. Plusieurs unités battent en retraite et l’armée russe a conquis de vastes étendues de territoire. « Des avancées russes significatives dans les régions de Vuhledar et Selydove ont été constatées, les forces russes franchissant les lignes ukrainiennes et hissant le drapeau à Bohoyavlenka, à 9 kilomètres au nord-ouest de Vuhledar », a écrit Ukraine Control Map dimanche. X, un compte qui produit des cartes de première ligne.
Vuhledar est un village qui a très longtemps résisté aux attaques russes mais qui a été conquis début octobre. Il constituait la jonction stratégique entre les fronts est et sud. Selydove est une petite ville située à 40 km au nord de Vuhledar et qui protège le sud de la ville stratégique de Pokrovsk, que les Russes cherchent à atteindre depuis le début de l’année. Ces gains dans ces deux régions du front menacent sérieusement l’armée ukrainienne.
« Ce ne sont pas des mouvements normaux »
» Pour être clair pour quiconque hausse les épaules, ce ne sont pas des mouvements normaux. Les forces ukrainiennes sont en désarroi et la Russie a désormais de très bonnes chances de capitaliser sur ces efforts et de conquérir des zones importantes. », insiste Ukraine Control Map. D’autant que ces avancées russes s’observent aussi plus au nord, vers Chasiv Yar ou Koupiansk.
L’armée russe a ainsi avancé de 478 km² sur le territoire ukrainien depuis début octobre, soit son plus grand gain territorial sur un mois depuis mars 2022 et les premières semaines de la guerre, selon une analyse réalisée lundi par l’AFP à partir des données de l’Institut pour l’Ukraine. Étude de la guerre (ISW). Au 27 octobre, les forces russes avaient gagné plus de terrain que lors des mois d’août et septembre (477 et 459 km²), déjà marqués par d’importants mouvements de la ligne de front, notamment dans l’est du pays. Ukraine autour de la ville de Pokrovsk.
» On se demande quelle est la stratégie défensive ukrainienne dans le quadrant sud-ouest de Donetsk ? », s’interrogeait déjà samedi Manette Escortert, une observatrice du conflit sur X, alors que les Russes avaient conquis la veille 20 km². » Je constate (avec sérieux) que les unités russes ont retrouvé leur liberté de manœuvre sur terre. Il suffit de constater la facilité de ce déplacement mécanisé qui rencontre très peu de résistance sur une route dont on s’étonne qu’elle ne soit ni minée ni bombardée. », ajoute-t-il.
Des défenses « largement insuffisantes »
« Dans le sud-est de l’Ukraine, l’armée russe a réalisé des avancées inhabituelles ces derniers jours « , note également Clément Molin, du think tank Atum Mundi, dimanche sur X. » Les derniers jours montrent que l’objectif russe est d’avancer vers l’ouest de la ville de Kourakhove. (entre Vuhledar et Selydove) continuer la technique habituelle : menacer d’encerclement pour pousser le retrait ukrainienil écrit. La chute du « château fort » de Voulhedar il y a plus d’un mois aura entraîné l’effondrement de tout le front sud-est entre Voulhedar et Velika Novosilka. », à quelques kilomètres à l’ouest.
« Pour le commandement ukrainien, il s’agit d’un échec lamentable dans la préparation de lignes de retrait. Les défenses sont largement insuffisantes, les champs de mines sont peu nombreux et les fossés antichar sont absents, là où ils seraient utiles.continue d’observer ce cartographe des lignes de fortification. Plus au nord, c’est un véritable boulevard qui s’ouvre vers l’ouest de Kourakhove. »
» Si l’armée ukrainienne veut protéger l’approche des oblasts de Zaporizhia et de Donetsk, donc le front sud du pays, et qu’elle veut protéger Pokrovsk d’un contournement par le sud et l’ouest, elle doit construire de toute urgence de nouvelles lignes cohérentes (sur les rivières) et complet », ajoute Clément Molin.
« Au bord de la rupture »
Un point de vue également partagé par Stéphane Audrand, consultant international en risques et observateur de longue date de cette guerre. « Les nouvelles continuent d’être mauvaises… J’espère sincèrement que le commandement ukrainien considérera qu’il mène une lutte rétrograde avant une nouvelle ligne d’arrêt, mais j’en doute.il s’inquiète. L’armée ukrainienne semble, à plusieurs endroits du front, au bord de l’effondrement et les réserves font défaut. Donc soit ils préparent quelque chose (peu probable), soit le point de rupture est proche.. »
Pour Macette Escortert, la solution est double : l’Ukraine doit déclencher une mobilisation générale de sa population pour reconstituer les rangs de son armée, et l’Occident doit ouvrir grandes les portes de ses arsenaux pour fournir tous les équipements nécessaires. » Le problème des masses ne peut plus être évité et il doit toucher toutes les tranches d’âge et toutes les classes sociales. », dit-il. L’Ukraine a eu du mal à accepter d’abaisser l’âge de mobilisation de 27 à 25 ans au printemps, mais l’âge moyen du soldat ukrainien serait encore aujourd’hui de 45 ans. L’Ukraine ne semble pas si proche de perdre la guerre depuis l’arrêt de l’offensive russe sur Kiev en avril 2022.