les « fausses nouvelles » savamment orchestrées du débarquement allié dans le Pas-de-Calais

A l’occasion du 80ème anniversaire du Débarquement, retour sur la plus grande désinformation de la Seconde Guerre mondiale. Les Alliés font croire aux Allemands qu’ils vont débarquer dans le Pas-de-Calais, et non en Normandie.

Il s’agit de la plus grande fausse nouvelle de la Seconde Guerre mondiale. A l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement, jeudi 6 juin, retour sur l’opération « Fortitude ». Les Alliés font croire aux Allemands qu’ils vont débarquer dans le Pas-de-Calais, et non en Normandie.

Pendant des semaines, les Alliés ont monté une armée imaginaire, basée dans le Kent, au sud-est de l’Angleterre, juste en face de Calais. Il s’agit du Fusag, premier groupe d’armées des États-Unis. Une fausse armée de onze divisions fantômes, soit environ un millier de soldats. Les chars sont gonflables, les avions sont en bois et les plus de 200 navires sont également factices. Tout a été créé par Shepperton Film Studios. Des acteurs ont même été embauchés. Des milliers de tentes ont également été dressées pour l’occasion, et de la fumée s’échappe, pour laisser croire qu’il y a des militaires à l’intérieur. Pour couronner le tout, les bruits de démarrage sont diffusés via des haut-parleurs. Depuis leurs avions de reconnaissance, les Allemands sont convaincus qu’une armée se prépare.

Pour plus de crédibilité, un vrai général, le célèbre général George S. Patton, est nommé. Il tient de faux discours et inspecte son armée imaginaire. De vrais soldats et de vrais bombardements ont également eu lieu, pour rendre le piège plus réaliste. De faux messages radio sont également diffusés sur Radio Londres.

Les agents doubles ont également joué un rôle essentiel. Ces faux espions ont transmis de faux messages à Hitler. Le plus célèbre est l’agent double catalan Joan Pujol Garcia, surnommé par les Alliés « Garbo ». Ayant toute la confiance d’Hitler, l’agent confirma aux Allemands le Débarquement en Normandie aux nazis mais le leur vendit comme une ruse permettant de dissimuler le déploiement réel de Calais.

Le piège fonctionne. Le 6 juin 1944, les Allemands décident de laisser l’essentiel de leur armée dans le Pas-de-Calais. La 15e armée allemande, notamment, restera là, loin de la Normandie. Pendant des semaines après le Débarquement, les Allemands restèrent convaincus qu’une nouvelle attaque se préparait toujours dans le Pas-de-Calais.

Tout cela est le fruit d’un travail de longue haleine : un « comité de désinformation » a été créé en 1941 par les Alliés, à la demande de Churchill. La désinformation reste une arme essentielle en temps de guerre.