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les F-16 arriveront bientôt, mais dans quel but ?

Il y a un frémissement dans le ciel ukrainien. Alors que la Belgique vient d’annoncer qu’elle livrerait 30 avions F-16 à Kiev d’ici 2028, ceux promis il y a près d’un an par les pays occidentaux devraient bientôt pouvoir survoler le ciel ukrainien.

Premières formations terminées

C’est en tout cas ce que suggèrent un certain nombre d’éléments, relayés ces derniers jours par des observateurs occidentaux ou des responsables ukrainiens.

Le 23 mai, Politique a indiqué que les pilotes ukrainiens avaient terminé leur formation. « Une source américaine m’a indiqué il y a quelques jours qu’une formation initiale avait été complétée pour certains pilotes »confirme à Ouest de la France Yohann Michel, chef de la division Force aérienne de l’Institut d’études de stratégie et de défense. Un simulateur de vol de la République tchèque a également été installé à Kiev. « Mais quelle est l’exigence d’un entraînement tactique ? » il nuance cependant. Si la manipulation des engins semble réussie, toutes les spécificités du combat aérien n’ont peut-être pas été abordées.

Volodymyr Zelensky et la Première ministre danoise Mette Frederiksen à bord d’un avion F-16 au Danemark en août 2023. | SERGÉI GAPON / ARCHIVES AFP

Volodymyr Zelensky et la Première ministre danoise Mette Frederiksen à bord d’un avion F-16 au Danemark en août 2023. | SERGÉI GAPON / ARCHIVES AFP

L’écosystème F-16 s’établit en Ukraine

A ces formations de pilotes, bien avancées malgré ces quelques réserves, s’ajoute celle de mécanicien. Lui aussi a bien progressé puisque, le 22 mai, Illya Yevlash, porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, a annoncé aux journalistes locaux, dont ceux de l’agence Ukrinform , que les premiers mécaniciens formés à la maintenance des F-16 étaient de retour sur le sol ukrainien. Ces mécaniciens pourront désormais «partager directement leur expérience avec nos hommes restés sur le territoire ukrainien»a ajouté Ilya Yevlash.

Par ailleurs, malgré les doutes qui ont pu parfois surgir, des armes et des munitions seront également disponibles. « Les Ukrainiens ont déjà reçu des armes air-air et, globalement, ces stocks sont moins touchés car moins utilisés »explique Yohann Michel.

L’écosystème lié au F-16 est donc en train d’être déployé, ou en tout cas, d’être déployable. Symboliquement, le 29 mai, des F-16 pilotés par des Ukrainiens ont escorté l’avion de Volodymyr Zelensky au-dessus de la Belgique, où le président ukrainien a visité leur base d’entraînement.

Un déploiement efficace qui pourrait néanmoins attendre

L’arrivée des premiers appareils sur le front semble donc de plus en plus proche. Alors que jusqu’à présent c’était une question de mois, ce n’est plus qu’une question de semaines.

Mais cette arrivée n’implique pas qu’un déploiement efficace puisse être organisé immédiatement. Pour que ces dispositifs jouent un véritable rôle, plusieurs conditions doivent être réunies. Les deux principaux sont répertoriés par Yohann Michel : « Nous devons veiller à ce que les F-16 ne soient pas livrés par paquets de trois ou quatre et à ce qu’il y ait suffisamment de pilotes bien formés ».

Si ces conditions ne sont pas remplies, « leur efficacité sera réduite » et, note Yohann Michel, leur faible nombre « permettrait aux Russes de développer des contre-mesures avant que ces F-16 puissent être utilisés massivement ». À l’automne 2023, c’est notamment ce qui est arrivé aux chars occidentaux utilisés par l’Ukraine lors de sa contre-attaque.

Un F-16 américain en Lettonie, mars 2022. | INTS KALNINS / ARCHIVES REUTERS

Un F-16 américain en Lettonie, mars 2022. | INTS KALNINS / ARCHIVES REUTERS

Un ciel ukrainien (légèrement) plus clair

Si la nécessité de masser ces appareils pourrait retarder leur engagement effectif, le ciel ukrainien est en revanche déjà prêt à les accueillir. Ou du moins, c’est plus le cas il y a quelques mois.

Depuis la fin de l’hiver, les troupes ukrainiennes ont abattu plusieurs avions radars russes, tandis que des centres de commandement et des radars ont été frappés avec succès.

Les observateurs ne sont pas d’accord sur le point de savoir si ces frappes ont été spécifiquement orchestrées pour l’arrivée des F-16 ou non. Cependant, une chose est sûre : « Cela a dégagé le ciel ukrainien », note Yohann Michel. Au décollage, les F-16 ukrainiens disposeront donc d’une plus grande marge de manœuvre qu’ils n’en auraient eu ces derniers mois.

Défense antiaérienne ukrainienne renforcée

A quoi va servir cette marge de manœuvre ? « On parle principalement de défense anti-aérienne »note Yohann Michel. « La livraison d’avions de combat élargit la gamme d’outils dont disposera la défense aérienne ukrainienne dans son ensemble. »

La défense anti-aérienne des villes ukrainiennes, également en proie à une crise des munitions, devrait être facilitée. Dans les zones proches du front, « le fait que les F-16 puissent enfin procéder à des interceptions à moyenne portée contre des bombardiers russes qui larguent en grand nombre des bombes planantes à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front change la donne »note sur son blog Guillaume Ancel, ancien officier de l’armée et observateur du conflit ukrainien.

Enfin, ces F-16 pourraient également être utilisés pour mener des frappes à longue portée, comme celles menées récemment sur la Crimée occupée ou sur l’arrière du front russe. Des missions de soutien de troupes au sol pourraient également être envisagées, dans certains contextes favorables.

Un F-16 dans un hangar en Belgique, le 28 mai 2024. | OLIVIER HOSLET / EPA / MAXPPP

Un F-16 dans un hangar en Belgique, le 28 mai 2024. | OLIVIER HOSLET / EPA / MAXPPP

Pas de bouleversements à prévoir, mais…

Pourtant, prévient Yohann Michel, on imagine mal que ces quelques dizaines de dispositifs puissent clairement changer la donne sur le front. « Ces avions de combat ne constituent pas des armes de domination », confirme Guillaume Ancel. Malgré leur utilité anti-aérienne, les F-16 ne permettront pas à eux seuls à l’Ukraine d’avancer, si tant est qu’elle puisse un jour le faire à nouveau.

Néanmoins, leur arrivée se superpose à celle de l’aide américaine votée fin avril, à celle, également imminente, des premiers obus de l’initiative tchèque et à des décisions politiques importantes, comme l’envoi par la France d’instructeurs sur le sol ukrainien où autorisation de frapper le sol russe avec des armes occidentales.

Un ensemble d’éléments qui permettront probablement aux Ukrainiens de stabiliser le front et, surtout, de retrouver confiance, voire optimisme, en attendant le résultat des élections américaines. Ce n’est pas le moindre des gains, dans un pays qui subit la guerre depuis plus de deux ans.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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