Les Expos sont pour moi un deuil vivant
Le 29 septembre 2004, nos Amours disputaient leur dernier match à Montréal. Le Journal vous propose une série de reportages dans le cadre de ce triste vingtième anniversaire du départ de nos Expos pour Washington.
« Il ne faudrait presque rien », chantait si bien Serge Reggiani. Malheureusement, même si 20 ans dans une vie, ce n’est presque rien, lorsque j’ai réalisé que je ne pouvais plus continuer ce merveilleux parcours avec les Expos, ils sont devenus pour moi un deuil vivant. Peu importe où je me trouve dans le monde, pas une journée ne s’est écoulée depuis leur départ sans que quelqu’un me demande s’ils revenaient.
J’ai envie de revivre ensemble mon dernier match des Expos à Montréal. Mais avant, je veux partager avec vous quelques moments que j’ai passés cette semaine avec la voix de Nos Amours, Jacques Doucet.
Quand je suis arrivée chez lui, c’était comme si le temps n’avait pas changé nos vies. En écoutant Jacques parler de baseball, c’était comme si nous décrivions ensemble un match.
Photo d’archive, Agence QMI
Je laisse mon collègue Jean-Nicolas Blanchet vous raconter les moments que nous avons partagés.
Avant de quitter sa résidence, nous nous sommes serrés dans les bras et nos larmes ont continué à couler. Je lui ai dit que je l’aimais et je l’ai remercié pour tout ce qu’il avait fait pour moi.
En me dirigeant vers ma voiture, j’ai vu Jacques debout sur le pas de la porte, portant fièrement sa casquette des Expos. Il m’a fait signe d’au revoir.
Pourquoi ai-je attendu si longtemps pour lui dire à quel point je l’idolâtrais, mais surtout, que je l’aimais ?
Photographie Chantal Poirier
Mon dernier jour pour décrire les Expos
Le mercredi 29 septembre 2004 est un jour mémorable, mais que j’aimerais tant oublier.
Ce matin-là, je me suis levé tôt, car j’avais prévu une journée qui me permettrait de vivre pleinement ce dernier match des Expos à Montréal. J’ai quitté Terrebonne pour me rendre au vieux stade De Lorimier, domicile des Royaux. Je suis sorti de ma voiture pour aller voir les jeunes de l’école secondaire Pierre-Dupuy jouer un match de soccer.
C’était mon terrain de rêve. Celui où jouaient Jackie Robinson et Roberto Clemente, sans oublier Tommy Lasorda, Don Drysdale et l’ancien lanceur québécois Jean-Pierre Roy, qui commentait aussi les matchs des Expos.
Par la suite, je me suis dirigé vers le parc Jarry, où j’avais assisté au premier match de l’histoire du club. Les voix sonores de Claude Mouton et de Richard Morency résonnaient encore dans ma tête. Comme s’ils me présentaient mes héros de l’époque : Rusty Staub, Claude Raymond, Gary Carter et André Dawson.
Le début de mon deuil
En arrivant au Stade Olympique, je me suis dirigé lentement vers le studio de télévision, car je n’étais pas pressé que la journée se termine.
J’ai serré la main de plusieurs partisans, tandis que je consolais d’autres qui pleuraient le départ des Expos.
Je m’arrête pour voir Jacques Doucet et Marc Griffin qui décrivent le match à la radio. Jacques et moi nous regardons, les yeux pleins de larmes. Nous savons que c’est la fin d’une belle histoire.
J’ai ensuite parlé du match avec Denis Casavant à la télévision. Claude Mailhot, qui avait été chargé d’interviewer les invités pendant le match, sur le terrain, n’a pu s’empêcher de pleurer tellement il était ému.
Le fameux septième round
À la fin de la septième manche, c’était la traditionnelle interprétation de la chanson Emmène-moi au match de baseball. Denis et moi avons été surpris, nous ne nous attendions pas à la réaction du public lorsque nous nous sommes tournés vers eux. Les fans devant nous se sont retournés et ont scandé nos noms, pour nous remercier des belles années qu’ils ont partagées avec nous.
Photo d’archive
Denis et moi les avons salués et je dois avouer que j’étais très ému lorsque la chanson s’est terminée et que nous sommes revenus à l’antenne.
Soudain, j’ai senti un bras m’entourer et une main se poser sur mon épaule. C’était celle de Denis Casavant. Il m’a simplement regardé avec un sourire pour me rassurer, et pour me dire qu’il était là pour me soutenir.
Le match était terminé. « Bonsoir, les Expos sont partis ! »
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