Réunis pour la dernière séance plénière de leur mandat au Parlement européen à Strasbourg, les députés ont approuvé, mardi 23 avril, la réforme des règles budgétaires de l’Union européenne (UE), destinée à garantir le redressement des finances publiques des États membres tout en préserver les investissements.
Le texte, âprement négocié depuis plus de deux ans, est considéré par les élus de gauche comme un outil instaurant l’austérité en Europe. Mais il a obtenu un large soutien de la part des trois principaux groupes politiques : le conservateur PPE, les sociaux-démocrates S&D et le libéral Renew Europe.
La réforme vise à moderniser le pacte de stabilité, un « corset budgétaire » créé à la fin des années 1990 qui limite le déficit de l’administration publique de chaque pays à 3% du PIB et la dette à 60%. Les nouvelles règles sont « plus flexibles, plus crédibles dans leur mise en œuvre »ils «permettra une réduction progressive de la dette publique sans compromettre la croissance»a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Paolo Gentiloni, lors d’un débat juste avant le vote.
«Retour à la responsabilité budgétaire»
Un accord sur cette réforme a été trouvé le 10 février entre les négociateurs des députés européens et ceux des Etats membres. Le texte sera appliqué cette année par les ministres des Finances des Vingt-Sept pour préparer leur budget 2025.
Tout en confirmant ces ratios emblématiques, le nouveau texte assouplit un peu l’ajustement demandé aux pays de l’UE en cas de déficits excessifs, s’ils acceptent des investissements et des réformes structurelles. Surtout, l’effort sera adapté à leur situation individuelle.
Concrètement, il prévoit que les États présentent des trajectoires sur quatre ou sept ans afin d’assurer la soutenabilité de leur dette. La gestion se concentrera sur l’évolution des dépenses, un indicateur jugé plus pertinent que les déficits, qui peuvent fluctuer en fonction du niveau de croissance économique.
Mais l’Allemagne et ses alliés « frugal » ont obtenu un effort quantifié minimum de réduction de la dette et des déficits pour tous les pays présentant des déficits excessifs, malgré les réticences de la France et de l’Italie. Ces modifications en vue d’un durcissement ont en partie déformé et fortement compliqué le texte.
Les ministres des Finances de l’UE sont parvenus péniblement à une position commune, juste avant Noël, sur cette réforme qui entend allier sérieux budgétaire et sauvegarde des investissements nécessaires à la transition verte ou à la défense. C’est le résultat d’un équilibre entre la position des pays endettés du sud de l’Europe, comme la France, qui a insisté sur des flexibilités supplémentaires, et ce qu’on appelle « frugal » de l’Europe du Nord, derrière l’Allemagne, qui exigeait plus de rigueur.
« Cette réforme constitue à la fois un nouveau départ et un retour à la responsabilité budgétaire. Les anciennes règles présentaient de nombreuses faiblesses et lacunes et souffraient d’une mise en œuvre quasi inexistante. »s’est félicité l’eurodéputé conservateur allemand Markus Ferber. « Nous avons assuré une forte empreinte sociale dans les nouvelles règles »a déclaré l’eurodéputée socialiste portugaise Margarida Marques, co-rapporteur du texte.
Les Verts et certains élus S&D le rejettent cependant en bloc, tout comme la gauche radicale. Ils dénoncent un retour à l’austérité qui va ralentir les investissements et profiter aux populistes, après trois ans de suspension des règles budgétaires européennes face au double choc de la pandémie et de la guerre en Ukraine.
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Les nouvelles règles « injuste et mortel » vont « imposer un carcan à tous les Etats européens » Et « créer les conditions de l’impuissance politique », a prévenu l’eurodéputé écologiste belge Philippe Lamberts. Cet accord « exigera des États membres qu’ils réduisent leur dette rapidement et d’une manière qui n’est pas économiquement et socialement durable : cela marquera un retour à l’austérité »Les syndicats belges, français, italiens et espagnols ont jugé lundi dans une lettre ouverte.