Il s’agit du deuxième revirement stratégique majeur de Joe Biden en quelques jours, mais celui-ci s’avère plus controversé, avec des conséquences humanitaires et économiques considérables pour les Ukrainiens. Le président américain a autorisé la fourniture de mines antipersonnel à l’Ukraine pour l’aider à ralentir l’avancée russe, a annoncé mercredi 20 novembre le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Trois jours plus tôt, Joe Biden avait autorisé Kiev à frapper en profondeur la Russie avec des tirs longs. portée des missiles américains, les ATACMS.
Washington justifie sa décision sur les mines antipersonnel par un changement de tactique de la part des Russes. Selon M. Austin, « Leurs forces mécanisées ne sont plus en tête. Ils avancent à pied afin de s’approcher et de mener des actions pour ouvrir la voie aux forces mécanisées.. L’Ukraine donc « il faut des moyens qui puissent aider à ralentir cet effort »il a expliqué.
Ni les États-Unis ni la Russie ne sont signataires de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, adoptée en 1997 et signée par 164 États, mais l’Ukraine l’est. Ce traité international de désarmement, également appelé Convention d’Ottawa, interdit l’acquisition, la production, le stockage et l’utilisation de mines antipersonnel.
Les civils, premières victimes
La décision de Joe Biden suscite l’indignation des organisations internationales spécialisées dans la lutte contre les mines antipersonnel. Interrogé par Le mondeHandicap International dénonce une mesure » terrible « dont l’impact humanitaire sera « catastrophique ». En effet, 84 % des victimes des mines antipersonnel dans le monde sont des civils, dont 35 % sont des enfants, affirme l’Observatoire des Mines dans son dernier rapport, publié mercredi, quelques heures avant que la décision américaine ne soit rendue publique.
« Les civils ukrainiens seront les premières victimes de ces armes, avec des conséquences à très long terme », a-t-il ajouté. prévient Elliot de Faramond, porte-parole de Handicap International. De plus, les mines tuent sans distinction entre civils et soldats, ce qui contrevient au droit international humanitaire. » Si l’Ukraine les utilisait, cela constituerait un « violation flagrante » de la Convention d’Ottawa.
La décision américaine constitue un « dangereux précédent »ajoute Elliot de Faramond, qui craint un affaiblissement du traité d’Ottawa, alors qu’il a « preuve de son efficacité » : en 1999, les mines antipersonnel ont fait 25 000 victimes (blessés ou tués), contre 5 757 en 2023, dont 580 en Ukraine, selon l’Observatoire des mines.
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