Les États-Unis ne veulent pas de nouvelles frappes ukrainiennes en Russie, mais Kiev s’en fiche
La Maison Blanche a été très claire à l’égard de l’Ukraine : les frappes contre les infrastructures pétrolières sur le sol russe sont un non-non. Quatre jours après que la Chambre des représentants des États-Unis a réactivé une aide militaire à l’Ukraine de 61 milliards de dollars (plus de 57 milliards d’euros) et alors que le président Joe Biden s’apprêtait à signer le texte au lendemain du vote favorable du Sénat américain, l’armée Kiev a frappé une nouvelle raffinerie en Russie.
Mercredi 24 avril, dans l’oblast de Smolensk (ouest de la Russie), une attaque de drone a détruit près de 26 000 mètres cubes de pétrole, selon les informations des services ukrainiens. Dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 avril, une offensive d’ampleur de plusieurs dizaines de drones a notamment visé deux raffineries de pétrole dans la région de Krasnodar (sud-ouest de la Russie, proche de la mer Noire).
Depuis le début de l’année, la nouvelle stratégie ukrainienne est claire : utiliser des drones à longue portée pour atteindre la Russie chez elle, en ciblant principalement les installations énergétiques. « L’Ukraine devait faire preuve de plus de créativité et repenser l’espace du conflit en trois dimensions. Vous devez trouver d’autres moyens d’affaiblir votre adversaire et d’épuiser ses ressources.a déclaré Ann Marie Dailey, analyste géopolitique chez RAND Corporation, une organisation américaine de conseil et de recherche, interrogée par le média en ligne Business Insider.
En guerre comme en guerre
Ayant cruellement besoin de munitions pour se défendre sur ses terres, l’Ukraine a donc délocalisé le conflit. Mais maintenant que le projet de loi sur l’aide militaire américaine a été adopté, le pays de Volodymyr Zelensky peut-il encore se permettre de contrarier les États-Unis ? L’administration Biden aurait tenté de dissuader les autorités ukrainiennes de poursuivre ce type d’attaque (ce qu’elles ont démenti).
Pourquoi s’opposer à des frappes aussi stratégiquement sensées ? Car les Etats-Unis s’inquiètent de son impact sur les prix du pétrole au niveau mondial, ainsi que du risque d’escalade russe, explique le Washington Post.
Il semble toutefois compliqué d’exiger que l’Ukraine retienne ses coups. Le pays doit affaiblir son ennemi par tous les moyens, plus que jamais. De son côté, la Russie n’hésite pas à cibler les infrastructures énergétiques ukrainiennes, comme elle le fait depuis février 2022.
L’aide américaine est cruciale, mais elle ne résoudra pas à elle seule la guerre. Et Volodymyr Zelensky doit démontrer à son peuple que les Ukrainiens « ont leur propre autonomie, qu’ils disposent d’institutions démocratiques qui fonctionnent, même en temps de guerre, et qu’ils sont capables de prendre leurs propres décisions »conclut Olga Tokariuk, journaliste indépendante et spécialiste de l’Ukraine.
