Le ministère américain de la Justice a annoncé, mardi 9 juillet, le démantèlement d’un réseau de faux comptes X attribué par les autorités américaines à un service de renseignement russe, le FSB. Le FBI a ainsi enquêté, en collaboration avec plusieurs pays, sur près d’un millier de faux comptes utilisés pour diffuser de la propagande russe aux Etats-Unis, mais aussi en Pologne, en Allemagne, en Espagne, en Israël et en Ukraine, selon une note publiée par la section cybersécurité de l’agence.
Selon les informations des enquêteurs américains, le développement de cette « ferme à trolls » a été initié au sein de la chaîne de télévision Russia Today (RT) en 2022. Un logiciel a ainsi été créé dans le but de « générer des personnalités fictives sur plusieurs réseaux sociaux. » Un an plus tard, cependant, selon les informations d’une autre agence américaine, le projet aurait finalement été rapproché des services de sécurité intérieure russes. En effet, des membres de l’équipe de RT liés au développement de cette ferme à trolls auraient rejoint une structure créée par le FSB dans le but de faire de ce nouvel outil un instrument de propagande au service des intérêts du Kremlin.
Un logiciel « clé en main »
Dans son mémo, le FBI détaille le fonctionnement d’un logiciel très classique en matière de création et de gestion de faux comptes sur les réseaux sociaux. Selon les enquêteurs, la plateforme utilise des outils d’intelligence artificielle pour générer des photos de profil et permet de créer des routines de comportement ou de publication pour les comptes et les groupes de comptes.
Le logiciel conçu par RT ne pouvait fonctionner jusqu’à présent qu’avec X, alors que les outils de ce type visent généralement à créer et gérer des comptes sur plusieurs réseaux sociaux à la fois. C’était notamment le cas d’un projet développé entre autres pour le FSB dans les années 2010 par l’entreprise privée russe Vulkan.
Ces faux comptes, qui diffusaient le langage de la propagande russe à l’international, étaient-ils vraiment efficaces ? Les autorités américaines n’ont pas donné d’estimation de l’audience réelle de cette ferme à trolls, même si ces réseaux de « bots » ont généralement beaucoup de mal à susciter des réactions « authentiques » de la part des internautes. Les rares captures d’écran diffusées par le ministère de la Justice ne révèlent pas de contenus devenus viraux, mais des tweets ayant généré quelques dizaines ou centaines de vues.
Des documents judiciaires montrent que certaines des erreurs commises par les créateurs de ce réseau de comptes relèvent de l’amateurisme : le millier de faux profils identifiés par les autorités ont été créés à partir de seulement deux noms de domaine, créés spécifiquement pour générer un grand nombre d’adresses email. Ils ont désormais été saisis par la justice américaine. Ce système rend toute opération d’influence en ligne plus facilement détectable par les grandes plateformes.