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« Les établissements se retrouvent contraints tant par le texte officiel que par le manque de moyens »

Le « choc de la connaissance » Le discours revendiqué par Gabriel Attal a au moins obtenu un premier résultat : ébranler l’éducation nationale au point qu’il y a peu d’enseignants et de responsables du système éducatif, à tous les niveaux, qui ne s’en soucient pas beaucoup. Ce qui a d’abord retenu l’attention, c’est le débat sur les classes ou les groupes de « niveau ». L’expérience et les recherches montrent qu’il s’agit d’un système à la fois injuste et inefficace.

A juste titre, la nouvelle ministre, Nicole Belloubet, a préféré parler de « groupes de besoins » : géré avec suffisamment de flexibilité pour répondre de manière transitoire et réversible aux difficultés spécifiques de certains étudiants. Besoin de groupes peut en effet corriger ce qui est trop rigide dans la classe traditionnelle. Mais, comme l’expliquait déjà le rapport de Louis Legrand sur les collèges en 1982, cette solution ne peut fonctionner qu’à plusieurs conditions. Cela suppose que les moyens et les compétences pédagogiques nécessaires soient disponibles. Cela implique un important travail de concertation et le volontariat des enseignants concernés. Elle ne peut suivre un modèle unique : elle doit s’adapter à l’extrême diversité des situations locales.

Mais c’est là que réside aujourd’hui le problème. Là où de la flexibilité est nécessaire, le décret du 17 mars impose aux collèges une organisation très détaillée, jusqu’à la semaine, et ne considère le retour à l’ensemble de la classe que comme une mesure dérogatoire. Les collèges se retrouvent ainsi contraints à la fois par le texte officiel et par le manque de moyens. Les nombreuses mesures d’aide mises en place les années précédentes deviennent obsolètes : comment mobiliser les enseignants si chaque rentrée scolaire est présentée comme un désaveu de la précédente ? Une telle rigidité ne permettra guère, en effet, de composer des groupes de niveau très fluides.

Une politique taylorisée

En procédant ainsi, le ministère se met en contradiction avec la démarche qui, depuis 1985, consistait à donner des marges d’autonomie et de responsabilité aux établissements, notamment sur le plan pédagogique, et à les inciter à se mobiliser autour d’un projet adapté aux leur situation. Ces principes, établis il y a quarante ans, ont été développés dans de nombreux articles du code de l’éducation, notamment D332-5 (décret du 18 novembre 2014) : « Le collège offre, dans le respect du principe d’inclusion et sans implantation de filières, un enseignement et une organisation pédagogique adaptés à la diversité des étudiants. (…). La mise en œuvre de méthodes de différenciation relève de l’autonomie des établissements. »

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Cammile Bussière

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