Comme les constructeurs automobiles, les équipementiers traversent une profonde crise industrielle et nécessitent l’intervention du législateur pour éviter le pire.
Les équipementiers automobiles européens expriment leur inquiétude face à une crise d’une ampleur sans précédent dans leur secteur.
En début de semaine, les dirigeants de l’Association européenne des équipementiers automobiles (Clepa) ont exprimé leur inquiétude concernant suppressions massives d’emplois et lente électrification du marché. Avec une baisse historique de la demande de véhicules et des restructurations majeures, l’industrie craint pour sa survie.
Les suppressions d’emplois à gogo
Benjamin Krieger, secrétaire général de la Clepa, décrit la situation actuelle comme « la pire période » jamais connu par l’industrie, tant en termes d’intensité que de durée. Si la crise financière de 2009 avait été suivie d’une reprise rapide, la crise actuelle semble bien plus enracinée. Au premier semestre 2024, 32 000 emplois ont été supprimés chez les équipementiers automobiles européens, un chiffre supérieur aux pertes enregistrées lors de la pandémie de Covid-19.
Depuis 2020, le total a atteint 86.000 suppressions de postes, principalement en Allemagne et en France, avec seulement 29.000 créations d’emplois dans le même temps. Cette évaluation laisse au secteur une perte nette de 56 000 emplois.
Un marché en baisse et une électrification au ralenti
Depuis la pandémie, les ventes de voitures neuves en Europe stagnent à des niveaux historiquement bas, tandis que la transition vers l’électrique s’avère bien plus lente que prévu. L’industrie, qui a investi massivement dans les nouvelles technologies pour s’adapter aux futures réglementations écologiques, peine aujourd’hui à rentabiliser ces investissements. Cette attente met en difficulté un grand nombre d’entreprises, déjà fragilisées avec des marges brutes (Ebitda) inférieures à 5% pour les deux tiers d’entre elles, selon les données partagées par la Clepa.
Face à cette situation, les équipementiers automobiles se demandent une revue des politiques environnementales européennes. L’interdiction prévue de la vente de voitures neuves à essence et diesel en 2035 inquiète particulièrement le secteur, qui propose de garder ouvertes les options autres que l’électrique pur. En ce sens, ils soutiennent que les technologies de moteurs thermiques plus efficaces et les hybrides rechargeables peuvent encore jouer un rôle dans la transition énergétique des années à venir.
Une récession qui touche aussi les grands groupes
Les grandes entreprises d’équipement, jusqu’ici relativement protégées par leur capacité à diversifier leurs investissements, sont elles aussi contraintes de lancer des plans d’économies. Des géants du secteur tels que Bosch, ZF et Valeo ont déjà annoncé des mesures de réduction des coûts en réponse au ralentissement du marché européen..
Pour faire face à cette période difficile, la Clepa demande également à la Commission européenne d’encourager les investissements dans les nouvelles technologies en mobilisant des fonds comparables aux budgets chinois et américain.
En outre, une réduction des coûts de l’électricité est considérée comme cruciale pour maintenir la compétitivité de l’industrie européenne, en particulier dans un contexte où le prix de l’énergie reste un facteur de coût majeur.