Bourse Entreprise

« Les entreprises françaises ne pourront pas payer l’addiction de l’État aux dépenses publiques »

FIGAROVOX/TRIBUNE – La crise économique doit être résolue par une réduction des dépenses publiques, et non par une hausse des impôts, plaide la présidente de l’association d’entrepreneurs Croissance Plus, Audrey Louail.

Audrey Louail est la présidente de Croissance Plus, une association regroupant 450 entreprises en croissance.


180 : c’est le nombre d’impôts supportés en France par les entreprises et les ménages, un triste record qui permet à la France de se hisser sur la première place du podium de la fiscalité la plus élevée de l’Union européenne. Reprenons la liste, car même si elle est connue, elle mérite sans doute d’être rappelée à des fins pédagogiques.

Lorsque nous vendons un produit ou un service, nous versons 20% à l’État sous forme de TVA qui est finalement payé par le consommateur. Ensuite, on paie les salaires de ceux qui ont travaillé dans l’entreprise, ce qui représente bien souvent le poste de coût le plus important de l’entreprise : pour 100 euros de salaire gagné, le salarié ne touchera finalement que 54 euros, soit 46 euros. versées principalement à la Sécurité sociale, auxquelles s’ajouteront 45 euros encore versés par l’entreprise au titre des cotisations patronales. Ensuite, on supprime ensuite diverses taxes qui affectent l’activité : CVAE, CFE, C3S…. Sur ce qui reste, l’entreprise paiera toujours l’impôt sur les sociétés (25 %), puis rémunérera les actionnaires, qui paieront 30 % sous la forme du prélèvement forfaitaire unique.

Cependant, ces taxes ne sont pas synonymes de mieux vivre pour les ménages, de meilleur apprentissage pour nos enfants ou de meilleure production pour les entreprises, mais servent seulement à assouvir notre addiction aux dépenses publiques devenues incontrôlables et inefficaces. Toutefois, la situation budgétaire est telle qu’il est prévu de demander aux entreprises du secteur privé de renflouer davantage leurs caisses. Mais quel serait l’impact sur la société ? Est-ce aux entreprises de continuer à payer la note ?

Ce n’est pas aux entreprises de payer la facture mais plutôt à l’État de faire preuve de courage politique pour mettre structurellement fin à ce cycle meurtrier.

Audrey Louail

Concernant le travail d’abord. Les entrepreneurs sont invités à embaucher, afin de réduire le fléau du chômage et d’augmenter les salaires. Mais alors, pourquoi envisager d’augmenter encore les charges, et donc le coût du travail, quand on sait que cela va geler les embauches, voire provoquer des licenciements et stopper les augmentations ?

En matière d’investissement donc, les besoins sont immenses. Il y a quelques jours à peine, Mario Draghi faisait le point et rappelait qu’actuellement, notre continent était en train de se déclasser. Alors, est-ce le bon moment pour commettre l’erreur d’augmenter sans discernement les impôts sur les fruits du capital ?

Enfin, concernant l’égalité des territoires. Nous devons reconstruire les usines, car nous avons payé cher l’illusion selon laquelle la production industrielle pouvait être délocalisée à des milliers de kilomètres de notre pays. Mais alors, pourquoi envisager de récupérer quelques dizaines de millions d’euros sur la transmission d’entreprises, alors qu’avant de créer des usines, il serait prioritaire d’empêcher celles qui existent encore de fermer leurs portes ?

Entrepreneurs PME et ETI, présents partout en France, nous alertons nos dirigeants politiques. Les besoins de trésorerie à court terme de l’État ne peuvent pas mettre en péril notre avenir à long terme. Il y a probablement des mesures d’aides publiques à recalibrer, pour éviter les effets secondaires et les effets d’aubaine. Mais ne nous y trompons pas : le véritable problème de notre économie est celui des dépenses publiques. Répartition des postes dans la fonction publique, horaires de travail dans les administrations, chevauchement des structures, adaptation de nos systèmes sociaux au vieillissement démographique du pays : la crise actuelle est une crise de modèle et non une crise de conjoncture économique.

L’étalement des impôts n’apportera aucune solution, mais simplement une très brève réduction au prix de conséquences sociales, économiques et géopolitiques irréversibles. Mesdames et messieurs, membres du gouvernement et parlementaires : avant de taxer, pensons à dépenser moins et mieux. Avec 1608 milliards de dépenses publiques, on devrait pouvoir y arriver. Ce n’est pas aux entreprises de payer la facture mais plutôt à l’État de faire preuve de courage politique pour mettre structurellement fin à ce cycle meurtrier.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
Bouton retour en haut de la page