C’est une liste inquiétante, qui s’allonge de jour en jour, en catimini. Caddie, l’ancien numéro un mondial des chariots de supermarchés, est placé en redressement judiciaire – 108 emplois sont menacés à Dettwiller (Bas-Rhin). Bosch, l’équipementier automobile, va fermer son usine de Mondeville (Calvados) en 2026, faute de repreneur – 413 salariés sont concernés. Valeo, autre grand nom de la sous-traitance automobile, cède ses sites de L’Isle-d’Abeau (Isère) et La Suze-sur-Sarthe (Sarthe) ainsi que son centre de recherche de La Verrière (Yvelines) – 1 000 emplois sont en jeu.
Bolton Food ferme sa dernière usine Saupiquet à Quimper – 155 salariés sont menacés. Mais il y a aussi Metalliance, le fabricant de matériel de manutention basé à Saint-Vallier (Saône-et-Loire), 180 salariés, également en redressement judiciaire. Tout comme le papetier Stenpa et ses 130 salariés à Stenay (Meuse), ou l’usine pharmaceutique Recipharm à Monts (Indre-et-Loire), 222 emplois, menacés de fermeture…
Ces dernières semaines, des nuages s’amoncellent sur l’économie et les entreprises françaises. Dans de nombreux secteurs, les annonces de fermetures, de redressements judiciaires ou de délocalisations se sont multipliées. Selon l’observatoire du groupe Banques Populaires Caisses d’Epargne (BPCE), 16.405 entreprises se sont retrouvées en situation de défaillance au deuxième trimestre. Le groupe Altares, spécialisé dans les données d’entreprises, a enregistré 16.371 défaillances sur la même période, soit une hausse de 23% en un an. Parmi les secteurs particulièrement touchés figurent l’industrie manufacturière et surtout la construction, frappée par la profonde crise du logement.
L’exécutif se vante d’avoir créé près de 2 millions d’emplois en France depuis 2017, dont près de 120 000 dans l’industrie. Mais cette véritable reprise de l’emploi, notamment dans les services, ne s’est pas accompagnée d’une reprise de la productivité des entreprises et donc d’une hausse de la croissance. Et les créations d’emplois sont en baisse depuis le début de l’année. « Au premier trimestre, le pays a enregistré une augmentation de 44 % des pertes d’emplois par rapport à la même période en 2023, et une baisse de 17 % des créations d’emplois. »souligne David Cousquer, fondateur du cabinet d’études Trendeo.
Le 22 mai, quelques jours après la manifestation Choose France, organisée à Versailles le 15 mai, et la promesse de nombreux investissements industriels à venir, la CGT a contesté le discours du gouvernement en énumérant « 33 021 emplois perdus ou gravement menacés » dans le pays depuis septembre 2023. Évoquant une « saignement »la centrale syndicale estime que, « En incluant la sous-traitance et le travail temporaire, on peut estimer le nombre total d’emplois impactés à au moins 60 000 ».
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