Selon l’étude Earth Day 2025 menée par Ipsos et CESI école d’ingénieurs, les Français se montrent largement préoccupés par le dérèglement climatique. Mais ils n’adhèrent ni aux mesures déployées par l’État, ni aux engagements des entreprises, jugés insuffisants, opaques ou inégalement appliqués. À l’origine de cette défiance : un pilotage politique perçu comme punitif et sans cap lisible, aussi bien pour les citoyens que pour les organisations.
Des citoyens inquiets face à une absence de stratégie
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 76 % des Français se disent préoccupés par les effets déjà visibles du dérèglement climatique, selon l’enquête Earth Day 2025. Pourtant, seuls 27 % estiment que leur gouvernement dispose d’un plan clair pour faire face à cette urgence, un score inférieur à la moyenne mondiale (32 %). Cette absence de lisibilité stratégique alimente une défiance généralisée, qui se répercute aussi sur l’évaluation des entreprises.
La critique porte d’abord sur la méthode. Des dispositifs comme les ZFE (zones à faibles émissions), les réglementations sur les flottes, ou encore la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) sont perçus comme déconnectés des réalités de terrain. 86 % des Français rejettent les ZFE, y voyant une écologie imposée sans dialogue, ni anticipation des impacts sociaux et économiques. Ce sentiment s’étend aux entreprises, sommées de s’adapter à des injonctions politiques sans cohérence globale ni soutien structurant.
Une transition énergétique perçue comme punitive
Dans ce climat incertain, les entreprises subissent une double peine. D’un côté, elles doivent se conformer à des objectifs environnementaux de plus en plus stricts ; de l’autre, elles ne bénéficient ni de l’adhésion citoyenne, ni d’un cap national stabilisé. Résultat selon le sondage Ipso-CESI : seuls 15 % des Français leur accordent leur confiance pour tenir leurs engagements environnementaux – bien en deçà de la moyenne mondiale (22 %).
La lente électrification des flottes professionnelles en est un bon révélateur. En 2024, 45 % des entreprises n’avaient encore immatriculé aucun véhicule électrique, malgré les obligations légales. Et pour cause : à horizon 2030, les pénalités peuvent atteindre 2,25 millions d’euros pour les structures non conformes. Mais dans un contexte de marges contraintes et d’outils d’accompagnement insuffisants, ces mesures sont vécues comme des charges imposées, non comme des leviers d’innovation ou de performance RSE.
Résultat : les citoyens, en quête de cohérence, pointent l’inefficacité apparente du modèle. 58 % jugent que les voitures électriques sont « aussi mauvaises pour la planète que les voitures thermiques », 37 % dénoncent l’impact des éoliennes offshore sur les écosystèmes. La transition ne manque pas de volonté déclarée, mais elle souffre d’un déficit de clarté, d’adhésion et d’efficacité perceptible à tous les étages de la société.