Les entreprises charentaises à l’épreuve sur les ponts en mai
Runo Buisson, le directeur général de WestRock, à La Couronne, une PME spécialisée dans le packaging, est un patron pragmatique. La succession des jours fériés en ce mois de mai l’a amené à agir selon deux critères. A savoir répondre aux exigences d’un « client toujours roi » et à une considération sociale dont il a fait un pilier depuis son arrivée à la tête de l’entreprise d’une centaine de salariés, il y a un an. Ainsi, si seulement 20 % des salariés prenaient des jours de congé aux alentours du 1ereuh En mai, le site, qui approvisionne principalement les secteurs pharmaceutique et cosmétique, ferme ses portes…
Runo Buisson, le directeur général de WestRock, à La Couronne, une PME spécialisée dans le packaging, est un patron pragmatique. La succession des jours fériés en ce mois de mai l’a amené à agir selon deux critères. A savoir répondre aux exigences d’un « client toujours roi » et à une considération sociale dont il a fait un pilier depuis son arrivée à la tête de l’entreprise d’une centaine de salariés, il y a un an. Ainsi, si seulement 20 % des salariés prenaient des jours de congé aux alentours du 1ereuh En mai, le site, qui approvisionne principalement les secteurs pharmaceutique et cosmétique, ferme ses portes du 8 au 12 mai, optant ainsi pour un « viaduc » version long week-end de printemps. En Charente, de nombreuses entreprises industrielles optent pour cette rupture malgré une situation économique tendue. Les gestionnaires doivent notamment faire face aux surcoûts générés par l’arrêt des machines : chez WestRock, cela se traduit par une augmentation de 20 % de la facture électrique pour la semaine du 1euh Mai : « ce sont des installations qui doivent atteindre un certain niveau de température pour démarrer, c’est très énergivore », analyse Bruno Buisson.
A Cognac, chez l’imprimerie Bidoit, spécialisée dans la réalisation d’étiquettes haut de gamme, l’effet « Gruyère » du mois de mai a été largement anticipé pour enfin amortir ses effets. « Il aurait été impensable que nous restions fermés plusieurs jours d’affilée », explique Marie Hardel, la directrice du site, qui met en avant l’exigence de productivité et de résultat. Il se trouve que « les vacances de mai ont été fixées il y a trois mois. » Et là aussi, la flexibilité est un pilier de l’organisation. Ainsi, les salariés pouvaient, à leur convenance, programmer les journées qui les intéressaient. Pour certains, c’était les 2 et 3 mai, d’autres les 6 et 7 mai ou les 9 et 10 mai. » Une manière pour l’entreprise de lisser ses effectifs, assurant ainsi la continuité de l’activité afin de pouvoir honorer les commandes.
Tout le monde ne peut pas se permettre de longs week-ends.
Subtilité aussi : « nous avons décidé de fixer notre journée de solidarité au 10 mai, ce qui nous permet de travailler ». Chez Arts Energy, à Nersac, Jérôme Pénigaud, directeur marketing et communication, met également en avant cette consultation des salariés qui a permis de tracer les contours de l’activité. « Moins de 70 % ne voulaient pas venir travailler, donc nous avons choisi de ne rien imposer », raconte-t-il. Une manière de ne pas fermer l’usine et ainsi d’optimiser les coûts. En revanche, « nous avons imposé une fermeture le 10 mai, et prévenu tous nos clients et fournisseurs ».
Les transports à l’arrêt
Chez Fromacoeur, à Ruffec, « tous les jours fériés sont chômés », explique le patron Hubert Jullien. Mais aussi le vendredi 10 mai, précise-t-il, ce jour ouvrable coincé cette année entre le mercredi 8 mai suivi du jeudi de l’Ascension d’un côté et le week-end de l’autre. L’entreprise ferme donc « à la demande des salariés », ajoute le patron. Une fermeture qui a peu d’impact puisque, dans de nombreuses entreprises industrielles, « la semaine se termine de toute façon le vendredi midi ». Et puis, analyse plus loin Jean-Christophe Dupuy, président de la CPME Charente, même les entreprises qui maintiennent la production sont confrontées à des problèmes de transport et d’expédition, qui seront largement à l’arrêt. Au Syndicat du Patron, Cindy Camboly abonde dans le même sens : « si la marchandise n’est pas expédiée, elle n’est pas facturée, ce qui déstabilise des trésoreries souvent fragilisées par une situation qui n’a rien d’évident », analyse le directeur général. Ce qui est « extrêmement impactant pour les entreprises ». C’est un mois de mai « hypercompliqué », poursuit Cindy Camboly, « et qui fait suite à deux semaines de vacances scolaires qui ont déjà entraîné une activité parfois réduite ».
Pour les managers, « apprendre à couper »
« Un détail » pour le patron d’une entreprise charentaise de BTP comptant une quinzaine de salariés après ce qui fut pour lui « une véritable catastrophe », à savoir « la pluie qui tombe depuis six mois sur la Charente ». Son commerce restera fermé du 8 au 12 mai. « Ce qui ne constitue pas un réel problème dans la mesure où il était anticipé », explique ce patron. « Le seul impératif pour nous est de veiller à ne pas laisser nos sites ouverts aux intempéries pendant ces longs week-ends. »
Dans l’artisanat, certains acteurs tentent de réduire au maximum l’impact de ces jours fériés qui réduisent le chiffre d’affaires. Et contre toute attente « les 10 et 11 mai, nous aurons plus de clients que jamais », affirme Elise, esthéticienne basée à Ruelle pour qui « tout le monde ne peut pas se permettre de longs week-ends ».
Et si Jean-Christophe Dupuy estime que « beaucoup de managers profiteront de l’absence des salariés pour avancer sur des sujets de fond », Bruno Buisson assume de « couper » 5 jours en mai : « il faut le faire, ça s’apprend. », dit celui qui, le 1euh May, « a passé une partie de la nuit au téléphone avec des clients aux Etats-Unis » qui ont « du mal à appréhender cette accumulation de jours chômés de ce côté-ci de l’Atlantique ». » Enfin, du côté des salariés, certains n’ont pas été sollicités : Pierre, un quadragénaire installé en Charente, n’a pas réfléchi longtemps : après une semaine de vacances fin avril, ce vidéaste a enchaîné avec un « méga pont » du 1euh au 12 mai, avec seulement « 5 jours restants ». Eloge de la paresse printanière.