Plus petite écurie de Formule 1 en termes d’effectifs (250 contre plus de 1.200 chez Mercedes), Haas continue de s’entourer de grands noms. Après Ferrari, associé à l’écurie américaine depuis sa création en 2016, c’est au tour de Toyota d’annoncer un partenariat technique. Une valse à trois qui pose beaucoup de questions puisqu’elle intègre des entités rivales dans d’autres Championnats, Ferrari et Toyota concourant en WEC, le Championnat du Monde d’Endurance d’un côté, Haas étant équipé par Ford contre Toyota en Nascar. Voici quelques réponses à ces principales questions.
Qu’est-ce qui change entre Haas et Ferrari ?
Ayao Komatsu, directeur de l’équipe Haas, a été très clair : « Nous avons signé jusqu’à fin 2028 avec Ferrari pour nous fournir le moteur et la boîte de vitesses, ce nouveau partenariat n’y change rien. » Entre l’équipe américaine et l’équipe italienne, les relations ont toujours été étroites, Haas reprenant à certaines périodes de nombreuses pièces fournies par la Scuderia. Et signe de la bonne entente entre toutes les parties, Fred Vasseur, le patron de Ferrari, a été remercié nommément par Komatsu ainsi que la direction de Toyota. « J’ai parlé avec Fred depuis le début de nos négociations. S’il y avait un risque que cette alliance constitue une menace pour Ferrari, cela ne pourrait pas se faire. La clé était d’être transparent, notamment sur la manière dont les idées de chaque entreprise devront être protégées. »
Haas disposera toujours d’un atelier à Maranello, près de l’usine Ferrari, où travailleront toujours ses aérodynamiciens, par exemple. « Nous continuerons à utiliser la soufflerie de Maranello, Komatsu a continué. Ce que nous avons de Ferrari est la base de notre équipe et ce que Toyota peut nous apporter est différent. »
Que peut apporter Toyota à Haas ?
La contribution du géant japonais, impliqué dans de nombreux Championnats majeurs (WEC, WRC, Rallye-raids, Nascar, Super Formula), se fera sur deux aspects principaux : le TPC (essais avec les monoplaces des saisons précédentes) et le travail sur simulateur. . « Nous allons aussi pouvoir commencer à concevoir des pièces en carbone avec eux »a également glissé Komatsu. « Nous n’avons pas pu faire du TPC pour le moment mais c’est très important pour former notre personnel. Nous avons actuellement 300 personnes et aucune marge de manœuvre. Si quelqu’un s’absente ou s’absente d’un Grand Prix, on est en difficulté car on est déjà à la limite le reste du temps. Là, nous pourrons former des gens qui pourront remplacer ceux qui sont absents. »
Le groupe de personnes qui travailleront sur ces tests sera composé d’employés de Haas et d’autres de Toyota, qui devrait également fournir les pilotes. De même, si une personne, ingénieur, mécanicien, etc., de Toyota a un profil intéressant pour l’équipe de F1, il sera possible de l’intégrer.
Quant au simulateur, sans disposer du sien à Banbury, où se trouve l’usine Haas en Angleterre, son utilisation se limitait à ce que Ferrari pouvait proposer sur son propre simulateur à Maranello. C’est-à-dire un peu de temps avant la saison et quasiment aucun pendant celle-ci. Même avec des créneaux disponibles, Haas n’avait pas forcément la force d’en profiter. « Nous n’avons pas beaucoup d’ingénieurs à part ceux que l’on voit sur les Grands Prix, a expliqué le patron de l’équipe japonaise. Je ne pourrais pas demander aux personnes basées en Angleterre qui participeront aux 24 courses du calendrier de passer également 10 semaines à faire des simulateurs en Italie. » L’équipe devrait donc bientôt disposer de son propre outil de travail à Banbury. « Cela ne remplacera pas ce que nous faisons chez Ferrari (corrélation et travaux liés à la soufflerie)ça s’ajoutera à ça »Komatsu a martelé.
Toyota, un premier pas avant un grand retour ?
Le constructeur japonais a quitté la Formule 1 fin 2009 par la petite porte après huit saisons d’efforts qui n’ont été couronnées que par 13 podiums et pas la moindre victoire en 140 Grands Prix. Il est donc logique de se demander si ce partenariat n’est qu’un tremplin vers un « vrai » retour en F1, pourquoi pas en tant que motoriste. « Nous n’avons pas l’intention de devenir fournisseur de moteurs à l’avenir »» a simplement coupé Masaya Kaji, patron de Toyota Gazoo Racing, l’entité de compétition du constructeur. Du côté de Haas, on souligne également la volonté de maintenir la structure actuelle à moyen terme puisque Ferrari s’est engagé jusqu’en 2028 et que l’accord avec Toyota porte sur « plusieurs saisons ».
« Il s’agit d’un partenariat à long terme car il était clair que ce qui nous manquait, c’était ce que Toyota pouvait fournir. »» a rappelé Komatsu qui a également demandé un peu de patience. « Les bénéfices de cet accord ne seront pas immédiats. Il faut apprendre à se connaître, à se comprendre et il faut savoir prendre son temps car si on veut aller trop vite, les choses peuvent complètement se désagréger. Mais ce sera toujours plus rapide que si nous faisions les choses entièrement nous-mêmes, même si nous avions l’argent pour cela ! »