Les embauches de cadres toujours bien orientées
Un plateau, mais toujours pas de repli. Après une année record en 2023, les recrutements de cadres dans le secteur privé continueront de croître en 2024, malgré un contexte économique incertain, mais à un rythme moins soutenu. C’est ce qui ressort des prévisions présentées ce mardi par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).
Concrètement, les entreprises ont embauché l’an dernier 330 700 cadres en CDI ou CDD de plus de douze mois, soit près de 30 000 de plus que ce qu’elles prévoyaient il y a un an. Soit une hausse de 7% sur l’année, portée par un niveau d’investissement resté soutenu. Si l’on ajoute les promotions internes et soustrait les départs à la retraite, le nombre de managers a augmenté de 85 400 en 2023 (+6 %), pour représenter 4,5 millions de personnes.
L’industrie recrute
Cela est dû à des raisons structurelles liées à la qualification croissante de l’économie, accélérée par ce qui est présenté comme des transitions majeures, écologiques ou numériques avec l’intelligence artificielle. Il y a aussi des raisons économiques, estime le directeur général de l’Apec, Gilles Gateau.
Face à des difficultés de recrutement encore très élevées, les entreprises ont préféré conserver leurs troupes, a-t-il souligné mardi. Dans ce contexte, l’industrie a enregistré des taux de croissance des embauches très élevés, à 15%, même si ce sont les services dits à haute valeur ajoutée – informatique/télécoms en tête – qui ont le plus ouvert leurs portes aux cadres. .
L’avenir s’annonce toujours prometteur, mais avec un certain retour à la normale compte tenu des prévisions de croissance très molles de l’économie. A ce stade, les entreprises interrogées par l’Apec anticipent 337 000 embauches, toujours pour le seul secteur privé. La directrice générale adjointe de l’Apec, Laetitia Niaudeau, y voit « plutôt une bonne surprise », même si ce chiffre, s’il se confirmait, traduirait « un ralentissement important » (+2% seulement).
Là encore, l’essentiel des recrutements de cadres se fera dans les services à forte valeur ajoutée, avec plus de 55 % du total prévu et une augmentation de 4 %. Toujours en route, l’industrie prévoit également une hausse de ses embauches du double de la moyenne prévue tous secteurs confondus, pour les porter à 47 000. Le tableau semble bien plus sombre dans le secteur de la construction, du commerce et de l’immobilier.
Concessions
Si le recrutement de cadres se poursuit, les pratiques de recrutement évoluent lentement. Comme tout ce qui est rare coûte cher, les employeurs doivent faire des concessions en termes de salaires pour réussir à attirer des candidats. Pragmatisme oblige, ils sont plus ouverts aux jeunes, mais aussi aux cadres plus expérimentés que souhaités. Ces cadres très expérimentés seraient plus appréciés dans les entreprises industrielles que dans les services, indique l’Apec.
« C’est un petit signal », a souligné Gilles Gateau, mais un signal quand même qui résonne particulièrement en ce moment : les partenaires sociaux abordent lundi prochain la dernière séance de leur négociation sur les parcours professionnels, dont l’un des aspects majeurs concerne maintenir les cadres supérieurs en emploi et embaucher ceux qui sont au chômage.
« La discrimination envers les seniors est non seulement une injustice mais aussi une aberration économique », a rappelé le directeur général de l’Apec. L’association a lancé il y a un an une campagne de sensibilisation sur le sujet et multiplie les initiatives en direction de cette tranche de son public.
À noter
L’Apec lance Novapec, un fonds de 4 millions d’euros pour soutenir les actions d’innovation sociale des cadres.