Les élections législatives au cœur de l’hommage à Nahel
Un an après la mort de Nahel, un jeune homme tué par un policier à Nanterre, sa famille et ses amis lui rendent hommage.
Un an après la mort de Nahel, tué le 27 juin 2023 par un policier après avoir refusé d’obtempérer, près d’un millier de personnes lui ont rendu hommage samedi à Nanterre lors d’une marche silencieuse. Le cortège s’est élancé vers 14h30 pour rejoindre la place Nelson Mandela, où l’adolescent est décédé il y a un an. En tête, une dizaine d’amis du jeune homme entouraient sa mère, Mounia Merzouk, derrière une banderole réclamant « Justice pour Nahel et pour tous les autres ».
Profondément émue, Mounia Merzouk a remercié les participants et a évoqué la mémoire de son fils, « heureux, serviable » Et « sourire tout le temps » dont le surnom était « Oui oui » parce que « il ne savait pas dire non ». « Quand je rentre à la maison, je n’ai plus personne, je n’ai plus de bébé »dit-elle, exigeant que « justice soit faite ». « La vie de nos enfants dans les quartiers a de la valeur (…) On a beau faire, on ne peut pas enlever un enfant comme ça. C’est impardonnable. (…) Nahel ne savait pas qu’il allait être tué. Peut-être arrêté, envoyé en prison, placé en garde à vue, battu, pas de problème, j’aurais accepté. Mais une balle ? Non…, non, une mère n’accepte pas ça. Perdre un enfant qui venait d’avoir dix-sept ans, qui était pressé de passer son permis pour être en règle ? Non… »
Selon d’autres extraits circulant sur X, la mère de Nahel aurait également ajouté : »Refus d’obtempérer ? Qui ne fait pas ça dans la vie ?… Qui ne conduit pas sans permis ? Dites-moi… Nous avons tous essayé de conduire sans permis. »
« Contre l’oubli »
Lors de la marche, où aucun policier n’était visible, Fatma, une militante du collectif Urgence Palestine du 18e arrondissement de Paris qui a préféré garder son nom secret, est venue à Nanterre. « contre l’oubli ». « Il n’y a rien, pas de procès, le policier est libre et Nahel ne reviendra pas »elle a déploré.
« Nous avons l’impression que c’est un redémarrage constant, donc nous sommes ici pour dire que nous n’avons pas oublié, pour exiger justice pour Nahel. »a ajouté Bouna Mbaye, 33 ans, à l’AFP. « Les violences policières et les crimes sont commis par des personnes d’une certaine couleur, ce n’est pas une coïncidence »a déclaré le jeune homme, keffieh sur les épaules. Tout au long du parcours, le premier tour des législatives prévu dimanche était dans les esprits des manifestants.
« Je suis extrêmement préoccupé par la montée du fascisme qui rendra inévitablement nos forces de l’ordre encore plus répressives »a confié Messaouda, un éducateur de 38 ans venu de Lyon avec une pancarte « refus de se plier au racisme et aux violences policières ». Mounia Merzouk a également évoqué l’échéance électorale de dimanche en appelant les jeunes à « réveillez-vous ». « Vous savez très bien ce qui se passe demain, réveillez-vous, il faut éviter les morts (…) il faut protéger nos enfants », dit-elle. La marche, qui a rassemblé 650 personnes selon la préfecture de police, s’est terminée dans le calme vers 16h30 avec des cris de « Justice pour Nahel ! » Ou « Pas de justice pas de paix ! »
Des émeutes d’une ampleur exceptionnelle
Nahel a été tué le 27 juin 2023 par une balle tirée à bout portant par un policier à moto qui contrôlait le véhicule qu’il conduisait. Selon les éléments de l’enquête, le véhicule conduit par Nahel avait été stoppé par la circulation après son refus d’obtempérer.
Le tireur, Florian M., un motard de 38 ans au moment des faits, a été inculpé de meurtre et emprisonné pour cinq mois. Il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire en novembre après plusieurs demandes de son avocat. Sa détention provisoire avait atteint « un record de longévité dans une affaire de violences policières », a noté une source proche de l’enquête contactée par Le Figaro , en novembre 2023. .
Une reconstitution des faits a eu lieu le 5 mai : en présence de leurs avocats, le policier qui a tiré, son collègue présent ce jour-là et plusieurs témoins ont comparé leurs déclarations, notamment pour établir si Florian M. était en danger de mort.
La mort de Nahel a déclenché des émeutes d’une ampleur exceptionnelle dans toute la France. Des bâtiments publics ont été attaqués, des écoles et des tribunaux ont été incendiés, des magasins ont été pillés : un rapport du Sénat a estimé que les dégâts causés par ces émeutes, plus courtes mais plus intenses que celles de 2005, avaient coûté un milliard d’euros.