Dans dix jours, les citoyens américains seront appelés aux urnes pour élire leur nouveau président. La candidate démocrate Kamala Harris et l’ancien président républicain Donald Trump entrent dans la dernière ligne droite de leurs campagnes respectives pour convaincre quelque 250 millions d’électeurs de voter pour eux, mardi 5 novembre.
Ils sont peu nombreux, mais quelques expatriés américains vivant dans le Loir-et-Cher sont concernés par ces élections. Grâce au vote par correspondance, ils font partie des 17 millions d’électeurs qui ont déjà exprimé leur choix par correspondance.
Quand le scrutin traverse l’Atlantique
« J’ai reçu ma newsletter par email en septembre et je l’ai envoyée il y a environ quatre semaines »explique Chris Olson. Pour ce retraité installé à Romorantin depuis trois ans, ce n’est pas le premier vote par correspondance puisqu’il a déjà participé aux primaires américaines en mars 2024.
La procédure est simple : « J’imprime mon bulletin de vote, je coche le candidat pour lequel je vote et je le mets dans une enveloppe avec mon numéro de sécurité sociale et mon numéro de permis de conduire. Ensuite, je l’envoie au centre gouvernemental de Minneapolis. » Chaque électeur doit être inscrit dans l’un des cinquante États pour voter. Pour Chris Olson, c’est le Minnesota où vit sa famille, dans le nord du pays.
Aux États-Unis, le suffrage est indirect : les citoyens ne votent pas directement pour les candidats, mais pour les électeurs. Le nombre de ces intermédiaires dans un État est défini en fonction du nombre d’habitants. Celui qui en compte le plus est la Californie, avec cinquante-quatre électeurs.
« Les élections de 2016 ont changé la donne »
C’est en Californie qu’est inscrite Ann-Isabelle Hubert, qui vit également à Romorantin. Arrivée sur le territoire en 1989 après avoir épousé un Français, elle a commencé à voter par correspondance en 2016 : «Je m’étais un peu éloigné de tout cela, mais les élections de cette année ont changé la donne. »
C’est en 2016 que le très controversé Donald Trump s’est présenté pour la première fois à la présidence. Alors qu’elle a toujours été favorable au Parti républicain, Ann-Isabelle change de camp : « Je connaissais déjà Trump depuis que j’ai grandi dans les années 80. Je ne voulais vraiment pas qu’il réussisse. »
S’il reste le moyen le plus efficace de faire entendre sa voix, le vote par correspondance n’est pas sans risque : « Les enveloppes sont bien visibles, on reconnaît bien que c’est un bulletin de vote. Pour les primaires, j’ai appris que mon bulletin n’avait pas été compté. Cette fois, j’ai envoyé une lettre suivie pour m’assurer qu’elle arrive à destination. »
Des débats tendus
Pour en savoir plus sur les élections, Ann-Isabelle préfère les médias américains comme CNN ou NBC : « En France, ce n’est pas toujours très clair. Les médias essaient d’effrayer les gens, alors j’essaie de relativiser. »
De son côté, Chris Olson lit le journal local du Minnesota et New York Timesmais évitez les informations télévisées américaines : «Je regarde la BBC et je lis un peu Le monde même si je ne parle pas très bien français. Je les trouve plus neutres dans leur traitement de l’actualité que les médias américains. »
Dans son jardin, Chris a planté une pancarte de soutien à Kamala Harris, envoyée par sa sœur. « C’est très courant de faire cela aux États-Unis. Mais avec ma famille, on ne parle pas de politique car c’est une élection très polarisante, ce qui peut rendre les relations compliquées. »
Un constat partagé par Ann-Isabelle, qui dit avoir « amis perdus » depuis les élections de 2016 : « On se rend compte que les gens dont nous étions très proches ne sont pas ceux que nous pensions. »
Le choix de l’abstention
Avec la distance géographique qui les sépare de leur pays d’origine, certains Américains vivant en France décident de s’abstenir, comme Susan Becker, vice-présidente de l’association France – Etats-Unis Loir-et-Cher : « Vu de France, les débats me paraissent un peu déformés. Je crois qu’il faut vivre à la campagne au quotidien pour être touché. »