les égouts débordent encore, le papier toilette flotte dans les rues, les riverains excédés
A Lanton, sur le bassin d’Arcachon, chaque épisode pluvieux devient une menace. Depuis jeudi 28 mars, les habitants du quartier de Taussat en font une nouvelle fois les frais.
Coulant sur des sols saturés, l’eau s’est infiltrée dans le réseau d’assainissement. Mélangée aux eaux usées, elle ressortait sous pression par les égouts, inondant les environs. Ce samedi 30 mars, au port de Taussat, alors qu’un vide-grenier se déroule, du papier toilette flotte dans la mare nauséabonde.
« Avec trois autres résidents, nous sommes sans sanitaires. Et c’est la troisième fois en peu de temps», déplore un habitant de la cité de la Ferme de Taussat. « Mon allée est située en face de la station de pompage du syndicat intercommunal en charge de l’assainissement (Siba). Mon jardin est régulièrement inondé d’eau polluante et malodorante. Sur les conseils de mon vétérinaire, je confine mes chiens chez moi », ajoute-t-elle.
« Sur les conseils de mon vétérinaire, je confine mes chiens chez moi »
» C’est assez ! «
« Ces derniers jours, Siba a volontairement évacué le trop-plein de la gare, inondant la piste cyclable et les fossés… Ce qui me met le plus en colère, c’est le manque de communication. Ils ne nous disent rien… Tout le monde est débordé, quand va-t-on faire quelque chose ? »
Malgré nos demandes, Siba n’a pas répondu à nos questions. Dans la cité du Braou, route de la Plage, Guy Menesson partage les mêmes interrogations. « Je ne vois rien qui change et j’ai décidé de mettre un drain pour fermer le receveur de douche. »
Dans le quartier de Roumingue, Claudine perd patience. « On en a marre, c’est l’enfer. J’ai fait creuser un trou pour évacuer l’eau qui envahissait les bassins et installé une pompe pour l’envoyer vers le champ voisin, en l’absence de fossé », raconte-t-elle. Un domaine voisin déjà amplement saturé.
« Un nouvel élément contre nous »
Pour l’ostréiculteur Thierry Lafon, président de l’Association de défense des eaux du bassin d’Arcachon (Adeba), cet épisode constitue « une charge supplémentaire ». En effet, outre celle de l’Adeba, plusieurs plaintes ont été déposées conduisant à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Bordeaux. « Notre salut passera par la justice », insiste-t-il.
Pour mémoire, le parquet de Bordeaux a soumis une requête rarissime à un juge des libertés, qui obligerait la Siba présidée par Yves Foulon, le maire d’Arcachon, à prendre des mesures pour éviter de nouveaux débordements d’eaux usées moyennant une astreinte. de 5 000 euros par jour. La décision est attendue cette semaine. Elle pourrait avoir pour effet d’interdire les opérations de pompage et de rejet dans le milieu naturel à Lanton mais aussi à Audenge, autre commune qui subit les mêmes horreurs.
Des rejets suspectés d’être une des sources de la contamination massive des huîtres du Bassin par un norovirus ayant déclenché de nombreux cas de gastro-entérites. Le Comité régional conchylicole (CRCAA) a récemment recommandé aux ostréiculteurs du bassin d’Arcachon « de ne pas vendre leurs huîtres directement à la ferme, de rester autant que possible en circuit fermé et de les purifier une à deux semaines avant la vente. »
Et l’urbanisation dans tout ça ?
Pour Jacques Storelli, le président de la Coordination Environnementale du Bassin d’Arcachon (Ceba), qui regroupe une trentaine d’associations de protection de l’environnement, et qui a également porté plainte contre danger pour autrui », l’urbanisation doit avant tout s’arrêter.
Il a donc contacté le préfet à ce sujet. Rappelons que ce dernier ne s’est toujours pas prononcé après l’approbation, par les élus, du Territorial Coherence Scheme (Scot). Un document critiqué par les défenseurs de l’environnement. Le 27 mars, le sous-préfet a réuni tous les maires de l’arrondissement lors d’une réunion appropriée visant à suspendre cette adoption le temps qu’ils révisent leur copie.
Contactée, Marie Larrue, la présidente du Sybarval, le syndicat en charge de l’édition Scot et, par ailleurs, maire de Lanton, précise qu’elle ne peut pas communiquer sur les débordements « tant que les procédures judiciaires sont en cours ». Concernant les Ecossais, même discrétion « car un travail commun est en cours avec la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) ».