Pour le dixième mois consécutif, les températures moyennes relatives enregistrées sur la planète ont été battues. Mars 2024 poursuit une série inquiétante, avec une température moyenne supérieure de 1,68°C à un mois de mars normal dans le climat de l’ère préindustrielle (1850-1900), a annoncé mardi 9 avril le service. l’Observatoire européen Copernicus.
Ainsi, depuis juin 2023, chaque mois bat son propre record, juillet 2023 devenant le mois le plus chaud jamais mesuré dans le monde. Conséquence : les douze derniers mois glissants ont été les plus chauds jamais enregistrés dans le monde, 1,58°C de plus que le climat de la planète au XIXe siècle.e siècle, dépassant la limite de 1,5°C fixée par l’accord de Paris.
Cette anomalie est cependant à constater en moyenne sur « au moins vingt ans » considérer que le climat, et non la météo annuelle, a atteint ce seuil, rappelle l’observatoire. Mais « nous sommes extraordinairement proches de cette limite et nous sommes déjà en sursis »a déclaré Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S, à l’Agence France-Presse.
Nouveau record absolu dans les océans
Cela fait maintenant plus d’un an que la température des océans, régulateurs majeurs du climat qui couvrent 70 % de la Terre, est plus chaude que jamais. Mars 2024 établit même un nouveau record absolu, tous mois confondus, avec une moyenne de 21,07°C mesurée à leur surface (hors zones proches des pôles) par Copernic.
« C’est incroyablement inhabituel », note Samantha Burgess. Cette surchauffe menace la vie marine et entraîne davantage d’humidité dans l’atmosphère, ce qui entraîne des conditions météorologiques plus instables, telles que des vents violents et des pluies torrentielles. Elle réduit également l’absorption de nos émissions de gaz à effet de serre dans les mers, puits de carbone qui stockent 90 % de l’excès d’énergie provoqué par l’activité humaine.
« Plus l’atmosphère mondiale se réchauffe, plus les événements extrêmes seront nombreux, graves et intenses »rappelle le scientifique, évoquant la menace « canicules, sécheresses, inondations et incendies de forêt ».
Parmi les illustrations récentes, de graves pénuries d’eau frappent le Vietnam, la Catalogne et même l’Afrique australe : après le Malawi et la Zambie, 2,7 millions de personnes sont menacées de famine au Zimbabwe, qui a déclaré l’état de catastrophe nationale. Bogota vient de rationner l’eau potable et la crainte de pénurie plane sur la campagne électorale au Mexique. A l’inverse, la Russie, le Brésil et la France ont connu des inondations remarquables.
L’influence du changement climatique sur chaque événement reste à prouver par des études scientifiques. Mais il est établi que le réchauffement climatique, en accentuant l’évapotranspiration et en augmentant l’humidité potentielle de l’air, augmente l’intensité de certains épisodes de précipitations.
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Depuis juin 2023, la météo mondiale est affectée par le phénomène climatique naturel El Niño, synonyme de températures plus élevées. Celle-ci a atteint son apogée en décembre mais doit encore se traduire par des températures continentales supérieures à la normale jusqu’en mai, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Selon elle, il est possible que le phénomène inverse – La Niña – se développe. « Plus tard cette année » après des conditions neutres (ni l’un ni l’autre) entre avril et juin.
Un risque de nouveaux records
D’autres records seront-ils battus dans les mois à venir ? « Si nous continuons à voir autant de chaleur à la surface de l’océan (…), C’est très probable »prévient Mmoi Bourgeois. Ces records dépassent-ils les prévisions ? La question fait débat parmi les climatologues après une année 2023 extraordinaire, la plus chaude jamais mesurée.
Cette chaleur supplémentaire, « nous pouvons expliquer la plupart des choses, mais pas la totalité »résume Mmoi Bourgeois. « 2023 se situe dans la fourchette des prévisions des modèles climatiques, mais c’est vraiment à la limite »loin de la moyenne, ajoute-t-elle, inquiète.
Concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), le méthane et le monoxyde d’azote – les trois principaux gaz à effet de serre d’origine humaine – ont encore augmenté en 2023, selon les estimations de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), publiées vendredi. Concentration de CO2 est en moyenne de 419,3 parties par million (ppm) sur l’année 2023, soit une augmentation de 2,8 ppm depuis 2022.
Toutefois, selon le projet Carbon Monitor, les émissions mondiales de CO2 en 2023 n’a augmenté que de 0,1 % par rapport à 2022, pour atteindre 35,8 gigatonnes. Même si ces estimations suggèrent un plateau dans les émissions humaines, elles représentent néanmoins « 10 % à 66,7 % du budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5°C »notent les auteurs.