Divertissement

Les doublures des candidats ne rattrapent pas les répétitions

De notre envoyé spécial à Malmö (Suède)

Coup de chaud dans la délégation italienne. Mercredi soir, à la veille de la première répétition de la candidate transalpine Angelina Mango sur la scène de l’Eurovision à la Malmö Arena, la vidéo du « stand en répétition », c’est-à-dire la répétition avec doublure, a fuité sur les réseaux sociaux, révélant la mise en scène et la production qui ont dû rester secrètes pendant encore quelques jours.

Lors d’une conférence de presse jeudi, la RAI a indiqué avoir alerté l’Union européenne de radiodiffusion (UER), organisatrice du concours, et demandé aux journalistes accrédités de ne pas partager ces images confidentielles. La chaîne italienne ne peut pas expliquer comment cette vidéo, qui n’a été envoyée qu’à huit personnes, a fini par être mise en ligne.

« 90% du rendu final doit être dans la vidéo »

Cette mésaventure rappelle à quel point ces « stand en répétitions » sont stratégiques. « C’est très important pour nous, car cela nous permet de voir les fondamentaux de ce que nous avons essayé d’imaginer », explique Alexandra Redde-Amiel, chef de la délégation française. Fondamentalement, c’est le passage de la théorie à la pratique. Cela permet de confirmer que vous avez bien fait ou que vous devez revenir un peu en arrière car ce à quoi vous pensiez ne fonctionne pas. »

Concrètement, les délégations ne disposent que d’un temps limité – deux séances de vingt minutes – pour répéter sur la scène de l’Eurovision avant la semaine du concours et apporter les modifications nécessaires. « Donc 90 % du rendu final doit être dans la vidéo se tenir debout », souligne à 20 minutes Kaleen, qui représente l’Autriche cette année et qui a joué le rôle de doublure lors de l’édition 2018, aux tables de Chypre et de Finlande.

« Tous les pays doivent remettre à l’organisation, début mars, un dossier complet avec ce qu’ils souhaitent en termes de scénographie, de chorégraphie prévue et de prises de vues souhaitées », énumère-t-elle. L’équipe de production constitue alors un groupe de personnes capables de faire sur scène ce qui est indiqué dans le cahier des charges. »

Et de poursuivre : « il y a six ans, nous avons eu un mois de préparation, dont le temps passé à tourner la vidéo ensuite envoyée aux délégations. Vous êtes dans un studio de danse, vous apprenez les mouvements, les chorégraphies. Vous chantez en direct. C’est amusant mais c’est surtout important puisque c’est très utile aux artistes qui participeront à l’Eurovision.

« Depuis ma première fois comme chef de délégation en 2021, je ne planifie plus à l’avance, car, la première année, on est toujours un peu dévastés », confie Alexandra Redde-Amiel. On se dit : « Oh mon Dieu mais je ne voulais pas ça et ça non plus ». Il faut garder à l’esprit que le debout en répétition est une vision à un moment donné de ce que l’on pensait sur papier. »

 » Donc appris phonétiquement »

Cette année-là, la France était représentée par Barbara Pravi. La doublure de la chanteuse était Julia Adriana. Elle avait alors 21 ans et avait été recrutée comme étudiante au conservatoire de Rotterdam (Pays-Bas), ville hôte du concours. « J’étais aussi bassiste du groupe italien et choriste pour les chansons russes et néerlandaises », explique la jeune femme à 20 minutes.

N’étant pas francophone, apprenez la chanson Donc était un défi. « La mère de ma colocataire était française donc je me suis entraîné avec elle. Tout d’abord, nous avons analysé les paroles en profondeur et je les ai apprises phonétiquement. C’était un défi, d’autant plus qu’il était crucial pour moi de faire passer le message de la pièce de la manière la plus pertinente possible, se souvient-elle. L’apprentissage de la chorégraphie s’est fait tout naturellement car les mouvements sont liés au message de la chanson. Il m’a cependant fallu plusieurs fois essayer de trouver le bon timing par rapport aux caméras. »

« Inoubliable »

Si Julia Adriana n’a jamais communiqué avec Barbara Pravi, l’année dernière, elle a posté une reprise en anglais de Donc sur TikTok ce qui lui a valu les félicitations d’Igit, co-auteur de la chanson. Elle garde des souvenirs « inoubliables » de son expérience de doublure. « J’ai tellement appris sur l’organisation d’une production d’une telle envergure », ajoute-t-elle. L’un de mes rêves d’enfant est de pouvoir un jour me produire sur une telle scène avec ma propre musique. »

Peut-être aura-t-elle un sort similaire à Kaleen qui s’est retrouvée doublure en 2018 « par hasard ». « Il restait une dernière place à prendre. Les organisateurs m’ont appelé et m’ont demandé si je voulais le faire, j’ai bien sûr accepté, car c’est une énorme opportunité, assure-t-elle. C’est à ce moment-là que je me suis dit que c’était tellement amusant et que j’avais très envie de faire l’Eurovision un jour. Mardi, l’Autrichienne réalisera son rêve : elle participera à la première demi-finale avec la chanson Nous allons ravir. En pleine lumière.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
Bouton retour en haut de la page