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Les douanes italiennes saisissent deux drones chinois MALE destinés à la Libye

Les années passent et la situation politique en Libye ne change pas. Et rien ne garantit qu’elle changera dans les mois à venir, car, de toute évidence, beaucoup de gens s’en contentent tant que cela ne met pas fin à tout trafic.

Pour rappel, le pays dispose de deux exécutifs. Issu d’un « Haut Conseil d’État » réorganisé en chambre haute du Parlement par l’ONU et dirigé par Abdel Hamid Dbeibah, le Gouvernement d’union nationale (GNU), établi à Tripoli, est reconnu par la communauté internationale. Soutenu par des milices, qui se tirent parfois dessus, ainsi que par la Turquie, qui lui apporte un soutien militaire, il aurait dû passer le relais à l’issue d’élections qui n’ont finalement jamais eu lieu.

Elue en 2014 et retranchée à Benghazi après avoir été chassée de Tripoli, la Chambre des représentants soutient un « gouvernement de stabilité nationale » qui, bien que non reconnu, contrôle la Cyrénaïque (est) et le Fezzan (sud) grâce au soutien de l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar. Ayant été dans les petits papiers de la France lorsque les organisations jihadistes augmentaient leur influence en Libye, cette dernière est aidée militairement (et même politiquement) par les Émirats arabes unis, l’Égypte et, surtout, par la Russie.

Reçu à Moscou par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, en septembre dernier, le maréchal Haftar s’entretient depuis près d’un an avec le vice-ministre russe de la Défense, Yunus-bek Evkurov. Pour la Russie, l’enjeu est de disposer de points d’appui dans l’est libyen, afin de consolider son influence en Afrique. En échange, elle fournit à l’ANL une aide militaire, via le déploiement de groupes paramilitaires (comme l’ex-Wagner) et la livraison d’armes. Mais un autre acteur s’est-il invité ? La question se pose, après la saisie que la police douanière et financière italienne (Guardia di Finanza ou GDF) vient de réaliser au port de Gioia Tauro (Calabre), à ​​bord des cargos MSC Arina et MSC Apolline, tous deux en provenance de Chine.

Ainsi, en examinant six conteneurs censés contenir des pales d’éoliennes, les douaniers italiens ont découvert les composants de deux drones pesant plus de trois tonnes, d’une envergure de 20 mètres et d’une longueur de 10 mètres.

D’après la description donnée, il s’agit probablement de deux exemplaires du Wing Loong II, un drone MALE (Medium Altitude Long Endurance) conçu par China Aviation Industry Corporation (CAIC).

Cette cargaison devait être envoyée à Benghazi, sa saisie a donc été « ordonnée », la Libye étant toujours soumise à un embargo sur les armes, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, ont expliqué les autorités italiennes, qui ont été, selon Defense News, informées de la présence de ces drones à bord des deux cargos par les Etats-Unis.

Cette affaire est vraisemblablement liée à une enquête menée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). En avril, la GRC a arrêté Fathi Ben Ahmed Mhaouek, un résident du Québec et ancien employé de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Avec Mahmud Mohamed Elsuwaye Sayeh, un ressortissant libyen, il aurait cherché à faciliter la « vente illégale de drones et d’équipements militaires chinois à la Libye ».

« Nous avons deux accusés. L’un d’eux, M. Mhaouek, a comparu (…) concernant un complot alors qu’il était employé de l’OACI. Le complot consistait à proposer de vendre du pétrole libyen pour le compte d’entités sanctionnées par les Nations unies. Le pétrole était destiné à la République populaire de Chine », avait expliqué à l’époque la justice canadienne.

Il a ajouté : « L’autre accusé fait l’objet d’un mandat d’arrêt pour lequel nous disposons d’une notice rouge d’INTERPOL. Il fait également l’objet d’un chef d’accusation supplémentaire. Ce chef d’accusation est également un chef d’accusation de complot avec des collaborateurs de l’OACI en vue d’acheter du matériel militaire, notamment des drones en provenance de la République populaire de Chine et destinés à la Libye, ce qui est également sanctionné par les Nations Unies. Tout achat de matériel militaire est interdit. »

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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