les difficultés des citoyens arabes de l’État juif à participer aux manifestations contre la guerre à Gaza
Les Arabes israéliens sont largement absents des manifestations qui ont lieu chaque semaine en Israël pour le retour des otages et contre le conflit à Gaza.
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Les Arabes israéliens peuvent-ils exprimer leur opposition à la guerre ? Peuvent-ils se dire solidaires de Gaza ? Comme chaque samedi depuis le 7 octobre, des manifestations sont prévues à Jérusalem et Tel-Aviv pour le retour des otages et la fin du conflit. Mais dans ces rassemblements, les Arabes israéliens sont inexistants et les autorisations pour organiser des manifestations dans les villes arabes sont très difficiles à obtenir auprès de la police.
Haïfa, au nord du pays, est une ville symbole de coexistence entre les deux peuples. Akram, rencontré dans un bureau de tabac, l’assure : il est libre de manifester pour le retour des otages et contre le gouvernement. « Il y a tout le temps des manifestations sur cette place ou dans la rue Ben Gourion pour le cessez-le-feu, la paix, le retour des otages. La police veille au maintien de l’ordre et il n’y a jamais eu de problème », il assure. Libre de s’exprimer sur le conflit, cela est également confirmé par un vendeur de fruits et légumes qui ne souhaite néanmoins pas s’exprimer sur ce sujet au micro de franceinfo.
Mais ce sentiment de liberté, Mohamed, une vingtaine d’années assis dans une sandwicherie de la même rue, ne le partage pas. « Ils ne vont pas vous dire que ce n’est pas bien, parce qu’ils ont peur. », assure le jeune homme. Il ne participe à aucun rassemblement.
« Nous ne manifestons pas parce que cela nous créerait des problèmes. »
Mohamed, un habitant de Haïfasur franceinfo
« Si nous sommes arrêtés, cela pourrait avoir des conséquences sur nos études, ou si nous contractons une hypothèque. Et nous ne serons pas libérés facilement, alors qu’un juif le sera. Les Arabes sont opposés à la guerre mais ce n’est pas le cas. ce n’est pas quelque chose que l’on dira en public ou dans la rue. Nous utilisons plutôt les réseaux sociaux. C’est là que j’exprime mon opposition.confie Mohamed.
En octobre dernier, après une manifestation non autorisée en soutien à Gaza, le chef de la police israélienne Kobi Shabtai a menacé les Arabes israéliens de « Mettre des bus à leur disposition s’ils souhaitent retourner à Gaza ». « Des gens ont été arrêtés, ils ont été poursuivis parce qu’ils manifestaient, donc ils ont retenu la leçon et ne sortent plus », dit un homme avant de disparaître dans un restaurant. Isaak est le propriétaire de l’établissement. « Pour moi, c’est d’abord parce que je suis très occupé, mais c’est aussi parce que je ne veux pas être vu dans les manifestations. J’accueille tout le monde, je respecte tout le monde. Je ne peux pas ne pas prendre position »confie le restaurateur.
« De toute façon, d’après ce que je vois dans les manifestations, la police ne fait pas de distinction entre un Juif et un Arabe. Elle arrête tout le monde, elle bat tout le monde. »
Isaak, restaurateur à Haïfasur franceinfo
Malheureusement, c’est la police que nous avons actuellement. Elle se comporte de la même manière avec tous les citoyens. Mais c’est vrai qu’en général il y a un peu plus de violence contre les Arabes. »il témoigne.
L’ONG Mossawa – « égalité » en arabe – constate de son côté une augmentation des « discriminations systémiques » à l’encontre des citoyens arabes d’Israël depuis la guerre, comme des arrestations, voire des attentats.