M.bénédiction divine ? Depuis sa naissance, la République islamique d’Iran vit avec la guerre. Autant qu’une théocratie, c’est un régime de combat. A la fois au service de ses convictions, pour se défendre et parce qu’elle a besoin de la guerre ou, du moins, de la perspective d’une guerre. La spirale de ces derniers jours s’inscrit dans une histoire de plus de quarante ans. Le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par un protégé de Téhéran, le Hamas ; l’attaque israélienne sur Gaza et le bombardement de la population gazaouie ; l’opération menée par l’État juif contre l’ambassade iranienne en Syrie ; enfin la réponse de la République islamique dans la nuit du 13 au 14 avril. Cette succession d’évènements s’inscrit dans un affrontement qui n’a pas fini son cours.
En provoquant la chute de la dynastie impériale Pahlavi, à l’hiver 1978-1979, la révolution islamique se pose en héritière d’un tiers-mondisme militant. Anti-impérialiste, elle rejette à la fois l’URSS et les Etats-Unis. Elle appelle à la « disparition » d’Israël et se veut le porte-drapeau le plus flamboyant de la cause palestinienne. L’Iran du Shah Mohammad Reza Pahlavi était un allié des États-Unis au Moyen-Orient. Le Shah n’épargne pas les Occidentaux lorsqu’il s’agit de fixer le prix du baril de pétrole. Mais Téhéran entretient les meilleures relations avec Israël. Il en était de même pour la Turquie. Ben Gourion, le fondateur de l’État hébreu, était favorable à cette alliance avec les puissances non arabes de la région.
Le 11 février 1979, de retour d’un long exil, l’inspirateur et premier guide spirituel du nouveau régime, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, rentre au pays. Le 17 février, Yasser Arafat atteint Téhéran. Le chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) reçoit un accueil étoilé. La République islamique rompt avec l’Etat hébreu, les locaux de l’ambassade israélienne sont remis à la délégation de l’OLP. Mais Arafat va vite déchanter.
Conflit frontalier
Pour l’imam Khomeini, la révolution islamique précède la libération de la Palestine. Il faut d’abord « libérer » le monde arabe – et en particulier l’Arabie Saoudite – des monarchies corrompues qui règnent de l’autre côté du Golfe. Ils sont sous la coupe du grand Satan américain. Protégé par l’URSS, l’Irak de Saddam Hussein, régime « impie » avec lequel Téhéran entretient un conflit frontalier, n’est pas mieux : il est tout autant visé par une République islamique ardemment prosélyte et dont les discours promettent le pire à ses voisins immédiats.
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