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les deux combats d’Olha, contre le cancer et pour faire revenir son mari prisonnier des Russes

Si de nombreuses femmes ukrainiennes voyaient leur compagnon partir au front, Olha, au même moment, devait faire face seule à un cancer détecté juste avant le début de la guerre.

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Olha montre la photo de son mariage avec Ruslan, avant la guerre et le cancer.  Kiev (Ukraine), avril 2024 (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après plus de deux ans d’invasion russe, l’Ukraine redouble d’efforts pour tenir le coup. Vendredi 5 avril encore, au moins quatre personnes ont été tuées dans une frappe de missile russe sur la grande ville de Zaporizhzhia, dans le sud du pays.

Tenir bon, un défi encore plus difficile à relever quand la vie nous oblige à affronter à la fois la guerre et la maladie. À Kiev, Olha se bat pour libérer son mari, prisonnier de guerre, mais lutte également contre le cancer.

Pull rose et grand sourire, cette jeune femme de 24 ans enlève son foulard et dévoile ses cheveux très courts. Olha, 24 ans, est atteinte d’un lymphome de Hodgkin et a déjà subi douze chimiothérapies. Un traitement qu’elle doit gérer sans son mari, prisonnier des Russes depuis sa capture à Marioupol il y a deux ans. « Tout ce que je sais de lui, c’est qu’il n’est pas en bonne santé et qu’il a perdu beaucoup de poids. »confie Olha.

Olha et son mari Ruslan avant la guerre et le cancer.  (ARCHIVES OLHA)

Préoccupation partagée

Une inquiétude de part et d’autre de leur relation puisqu’il ne connaît pas l’avancée du traitement du cancer d’Olha, diagnostiqué peu avant la guerre. Elle n’a pu parler qu’une seule fois avec Ruslan, son mari, cet automne, lors d’un appel vidéo. « Il a vu que mes cheveux n’avaient toujours pas repoussé et il s’est rendu compte que quelque chose n’allait pas. Mais bien sûr je lui ai menti et je ne lui ai pas dit que je devais refaire toutes ces chimio. Il est dans de telles conditions de détention que Je lui ai dit « Ne t’inquiète pas, tout va bien ». Je pense qu’il a compris de toute façon, mais à ce moment-là, j’avais envie de le soutenir autant que possible. ».

Olha dit que tout est plus difficile sans lui : « Juste cuisiner. Ça n’a l’air de rien, mais quand on est malade, c’est difficile. » Elle trouve encore l’énergie nécessaire pour continuer. « Si je m’assois et pleure, cela le fera sortir de captivité ? Non. Est-ce que cela me rendra en meilleure santé ? Ni l’un ni l’autre »raisonne-t-elle à voix haute.

« J’étais d’accord avec moi-même dès le début : ‘Il faut être forte ! Il faut tout traverser et ton mari reviendra’. »

Olha, Ukrainienne de 24 ans

sur franceinfo

Reste en vie

Déplacée de Berdiansk, Olha vit aujourd’hui avec les épouses d’autres prisonniers et c’est d’elles qu’elle puise aussi désormais sa force. Car dans le 501e bataillon de son mari, 277 soldats ont été capturés au total. Ces femmes ont également lancé une page sur les réseaux sociaux : Union des épouses de prisonniers du 501e bataillon.

Olha et les autres épouses des soldats du 501ème bataillon faits prisonniers de guerre.  (AGATHE MAHUET – RADIO FRANCE)

« Mon quotidien est un combat contre la maladie, pour libérer mon mari et alerter le reste du monde sur la situation de nos prisonniers de guerre »explique Olha, montrant également son plus beau souvenir avec Ruslan : leur photo de mariage. Une photo sur laquelle Olha avait les cheveux longs. Bientôt, une greffe de moelle osseuse l’attend à Kiev. « Je ne sais pas quel sera notre avenir », conclut-elle. Mais Olha a fait promettre à son mari de rester en vie. Il accepte, à condition qu’à son retour ils aient trois enfants ensemble.

Ukraine : les deux batailles d’Olha – Reportage d’Agathe Mahuet

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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