Les deux âges auxquels le corps subit un vieillissement accéléré, selon une étude
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Les deux âges auxquels le corps subit un vieillissement accéléré, selon une étude

Les deux âges auxquels le corps subit un vieillissement accéléré, selon une étude

Une étude menée par l’Université américaine de Stanford explique que le corps ne vieillit pas de manière linéaire : vers 44 et 60 ans, notre corps connaît un pic de vieillissement.

Il est bien connu que plus on vieillit, plus le risque de contracter des maladies augmente. Or, une étude récente de l’université de Stanford en Californie, publiée le 14 août dans la revue Nature Aging, repérée par Le Figaro, montre que ce risque est loin d’être linéaire tout au long de la vie humaine. On observe ainsi deux périodes charnières durant lesquelles notre corps subit un pic de vieillissement : vers 44 ans et vers 60 ans.

Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs américains et singapouriens ont prélevé des échantillons de sang, de selles et de bactéries de la peau, de la bouche et du nez de 108 individus, résidents de Californie aux États-Unis, âgés de 25 à 75 ans.

« Au total, 5 405 échantillons biologiques ont été collectés », « 135 239 caractéristiques biologiques ont été acquises », ce qui a donné lieu à plus de 246 milliards de « points de données », selon l’étude.

« Jamais auparavant une approche aussi globale n’avait été menée dans le domaine du vieillissement, ce qui constitue la grande force de cette étude », explique au Figaro Étienne Patin, chercheur en épidémiologie génétique à l’Institut Pasteur.

Dysfonctionnement immunitaire observé à 60 ans

Un premier résultat « particulièrement intriguant » est alors mis en évidence : « seule une petite fraction de molécules (6,6 %) a affiché des changements linéaires tout au long du vieillissement humain », notent les chercheurs. Ainsi, à l’inverse, 81 % de ces molécules ont évolué à des stades de vie précis. Avec une évolution particulièrement significative autour de 44 ans et 60 ans.

A quarante ans, l’étude montre que les cellules musculaires et cutanées mettent plus de temps à récupérer après l’effort ou à se régénérer. Une coïncidence possible avec l’apparition des premières rides, des cheveux grisonnants, mais aussi une certaine baisse d’énergie. Notre capacité à métaboliser les lipides et l’alcool diminue également.

À 60 ans, on constate un dysfonctionnement immunitaire, lié notamment aux fonctions rénales et cardiaques, et au métabolisme des glucides.

« C’est vers cet âge qu’apparaissent plus fréquemment certaines maladies résultant d’une plus grande difficulté pour nos cellules à utiliser les glucides, comme le diabète de type 2 », note au Figaro Éric Gilson, professeur à la faculté de médecine de Nice, fondateur de l’Institut de recherche sur le cancer et le vieillissement de la ville.

Il souligne que « c’est aussi à partir de soixante ans que l’on constate une augmentation de la proportion de cancers, pathologies dont les causes sont complexes mais dont la survenue est favorisée par une diminution de l’efficacité de notre système immunitaire à nous protéger ».

Aux deux âges, l’étude indique que les maladies neurologiques et les maladies cardiovasculaires présentent des pics de prévalence.

Des gènes en retard sur l’espérance de vie ?

Si l’étude fait état de ces faits, elle ne fournit aucune explication. C’est pourquoi le professeur Eric Gilson avance une hypothèse au quotidien français.

« Avant le XIXe siècle, l’espérance de vie était en moyenne de 40 à 50 ans, ce qui signifie que, sous l’effet de la sélection naturelle, les gènes favorisant la survie au-delà de cet âge n’auraient pas eu la possibilité d’être sélectionnés », commence-t-il par expliquer.

Avant d’ajouter : « Avec l’augmentation de l’espérance de vie liée aux progrès médicaux, sociaux et technologiques, l’humain vit désormais bien au-delà de ce seuil, sans que notre biologie n’ait eu le temps de « rattraper » cette nouvelle réalité. »

Outre nos gènes, les modes de vie individuels jouent également un rôle. « Notre corps est exposé au fil du temps à divers facteurs de stress environnementaux », explique le magazine américain MIT Technology Review. Sans parler des diverses sources de pollution qui impactent la santé.

Il convient de noter que cette étude comporte certains biais. Si une grande quantité de données a été collectée, elle concerne un nombre restreint de personnes, souligne la MIT Technology Review.

Étienne Pantin, chercheur à l’Institut Pasteur, critique également le fait que « la centaine de participants habitaient à proximité de l’université de Stanford et appartenaient donc à une communauté d’individus aux revenus moyens à élevés, loin d’être représentative des autres populations ».

Étant donné que la tranche d’âge de la cohorte est de 25 à 75 ans, d’autres pics en dehors de cette tranche d’âge pourraient exister.

« Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour valider et étendre ces résultats, en incorporant potentiellement des cohortes plus larges pour saisir toute la complexité du vieillissement », admettent les scientifiques à l’origine de l’étude.

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