Les députés valident en commission la surtaxe sur les grandes entreprises
Les députés de la commission des Finances ont validé vendredi la hausse temporaire de la fiscalité des grandes entreprises voulue par le gouvernement, la macronie n’ayant pas réussi à supprimer cette surtaxe, et la gauche à la renforcer.
Cette « contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises » doit être instaurée pour deux ans.
La contribution temporaire correspond à 20,6 % de l’impôt sur les sociétés (qui s’élève à 25 %) dû au titre de 2024, pour les entreprises dont le chiffre d’affaires varie d’un milliard d’euros à moins de trois milliards d’euros ; et 41,2% pour ceux dont le chiffre d’affaires est supérieur ou égal à trois milliards d’euros, selon le projet de budget 2025.
Cette mesure, qui concerne environ 400 entreprises, devrait rapporter 8 milliards d’euros en 2025 et 4 milliards en 2026.
La mesure sera en tout cas réexaminée la semaine prochaine dans l’hémicycle, où les députés partiront de la version initiale du projet de loi de finances.
En commission des Finances, cette surtaxe a alimenté vendredi un long débat opposant la gauche aux élus LR et du « bloc central ».
Ces derniers ont tenté de le supprimer purement et simplement, ou du moins de le modifier, par exemple en le limitant à un an au lieu de deux, ou en réduisant les taux.
« L’Histoire retiendra que c’est un gouvernement de droite qui repousse la France dans la folie fiscale », a insisté le macroniste Charles Sitzenstuhl.
Les armateurs conservent leur niche fiscale
A l’inverse, la gauche a tenté, en vain, de renforcer la surtaxe, soit en l’appliquant à un plus grand nombre d’entreprises, soit en augmentant le taux, soit encore en la rendant soutenable au-delà de deux ans. .
Le RN, de son côté, a refusé de s’opposer à la surtaxe, non « parce qu’on est particulièrement heureux d’augmenter les impôts », mais parce qu’il faut « rééquilibrer le budget de l’Etat », a relevé Jean-Philippe Tanguy.
Une autre série d’amendements a été vivement débattue, concernant la « niche fiscale » des armateurs, dans le viseur aussi bien du groupe UDR d’Eric Ciotti que de la gauche. Ils n’ont pas réussi à faire disparaître ce créneau, qui a alimenté les bénéfices records de transporteurs comme la CMA-CGM.
« Le coût estimé (de la niche) en 2023 pour l’Etat était faramineux, 5,6 milliards d’euros, et en 2021, la CMA-CGM n’a payé que 2% d’impôt sur les 16 milliards de bénéfices qu’elle a réalisés », a souligné l’écologiste Eva Sas. Le député PS Philippe Brun a pointé un intense « lobbying » de la part de l’armateur, qui a selon lui influencé le vote des membres de la commission.
Un amendement des écologistes a cependant été adopté, avec le soutien du RN, visant à doubler les taux de la taxe exceptionnelle sur les transports maritimes à 18% en 2025 et 11% en 2026, pour obtenir des recettes d’environ 525 millions de dinars. d’euros en 2025 et 320 millions d’euros l’année suivante.
Les députés ont également adopté un amendement d’Eric Coquerel, président LFI de la commission des Finances, inspiré de l’association Attac et de l’économiste Gabriel Zucman.
Cette mesure vise à contrer la délocalisation d’une partie des bénéfices des entreprises vers des paradis fiscaux et pourrait rapporter jusqu’à 26 milliards d’euros, a précisé Eric Coquerel.
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