L’assemblée générale des actionnaires de Boeing se tient vendredi 17 mai, dans un climat difficile. Cela fait maintenant plus de cinq ans que l’avionneur américain ne fait régulièrement, malgré lui, la une de l’actualité. Il y a d’abord eu les deux crashs des 737 MAX de Lion Air et d’Ethiopian Airlines, en octobre 2018 puis en mars 2019, qui ont, au total, causé la mort de 346 passagers et membres d’équipage.
Depuis plusieurs mois, des accidents et incidents se succèdent qui remettent en cause une nouvelle fois les méthodes de production de l’avionneur, la stratégie de sa direction, mais aussi la perte de savoir-faire, d’expérience et de conscience professionnelle des membres de son personnel. Le dernier incident en date s’est produit jeudi 16 mai en Indonésie : un Boeing 747 a dû faire demi-tour immédiatement après le décollage, l’un de ses moteurs ayant pris feu. A cette succession de déboires s’ajoutent les révélations des lanceurs d’alerte, lors d’auditions au Congrès américain, sur des défauts de conception, des erreurs de production et « Problèmes sérieux » de sécurité.
Pourtant, aujourd’hui encore, personne parmi les compagnies aériennes, les fournisseurs, ou même du côté du concurrent Airbus, ne risque d’égratigner Boeing. Au moins ouvertement. Il est évident que « L’impact sur la réputation de Boeing est très sévère, voire colossal, auprès des constructeurs et des compagnies aériennes », s’exclame Stéphane Albernhe, président du cabinet de conseil Archery Strategy Consulting. Mais, ajoute-t-il, en Europe comme aux Etats-Unis, « L’aéronautique est une industrie stratégique, donc tout le monde se serre les coudes. On ne tire pas sur l’ambulance ». Lorsque le 737 MAX a été immobilisé pendant des mois, avec des conséquences terribles pour toute la chaîne d’approvisionnement, aucune voix ne s’est élevée pour dénoncer l’avionneur américain.
Sous couvert d’anonymat, le patron d’une compagnie aérienne est certain que la crise chez Boeing « aura un impact majeur sur l’industrie aéronautique (Et) sur la capacité du transport aérien à réaliser ses perspectives de trafic ». Le groupe a été contraint de ralentir ses cadences de production et donc d’allonger ses délais de livraison. « Tous les projets de croissance des compagnies aériennes sont liés au nombre de sièges proposés », explique ce manager. Un autre ajoute : «C’est un traumatisme. Personne n’aurait pu imaginer que ces problèmes pourraient arriver à Boeing. »
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