Les crises géopolitiques relancent le marché mondial des sous-marins
Soulagement et satisfaction chez Naval Group. Après sept ans de négociations suivis de six mois d’incertitude, le PDG du groupe français, Pierre Eric Pommellet, et le secrétaire d’État néerlandais à la Défense, Gijs Tuinman, ont signé, lundi 30 septembre, le contrat de livraison aux pays-Bas. quatre sous-marins Barracuda pour environ 5 milliards d’euros. Ils remplaceront les navires de la classe Walrus, qui seront retirés du service au cours de la prochaine décennie.
Ce programme, Naval Group, allié au néerlandais Royal IHC, a remporté une dure bataille contre le suédois Saab Kockums, associé au constructeur local Damen et surtout l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), concurrent historique du groupe français. Rejeté en juillet, le recours du groupe de Kiel n’a rien donné. Pas plus que le changement de gouvernement à La Haye, qui a semé l’incertitude sur le contrat.
« Naval Group possède une vaste expérience dans la construction de sous-marins et l’industrie maritime néerlandaise possède des connaissances uniques et spécialisées »dit M. Tuinman. Ces Barracudas à propulsion diesel-électrique seront construits à Cherbourg (Manche), sur le même site que la version nucléaire destinée à la marine française ; mais de nombreux composants clés seront fabriqués aux Pays-Bas dans le cadre d’un partenariat de vingt ans avec des fabricants et des instituts scientifiques locaux. Une exigence des Néerlandais de maintenir à la fois le savoir-faire industriel et « autonomie stratégique » pendant le cycle de vie des sous-marins.
Faire fondre la glace
Le choix d’un navire « expéditionnaire » de 3 000 tonnes en dit long sur les ambitions des Pays-Bas. Très silencieux, embarquant un armement puissant et polyvalent (attaque, détection, renseignement, déminage…), le Barracuda peut être déployé dans tous les océans du monde et pendant de longues périodes, performances absentes du Walrus. La technologie innovante de batterie lithium-ion de Saft, filiale de TotalEnergies, permettant de rester plus longtemps sous l’eau, et la possibilité de tirer des missiles américains Tomahawk, semblent avoir fait la différence.
De son côté, le Canada vient de lancer un vaste appel d’offres pour « un maximum » de douze sous-marins à propulsion conventionnelle capables de naviguer sous la banquise. Pays membre de l’Otan possédant le plus long littoral du monde, il souhaite aller au-delà du simple remplacement de ses bâtiments acquis au Royaume-Uni à la fin des années 1990. Le contexte géostratégique le pousse : la fonte des glaces rend les routes polaires stratégiques sur le plan militaire et commercial, au moment où la Russie et la Chine se renforcent dans la zone arctique.
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