les contours d’un rachat stratégique par l’État
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les contours d’un rachat stratégique par l’État

les contours d’un rachat stratégique par l’État

Une visite symbolique, pour un enjeu stratégique. Le ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Antoine Armand, est attendu en fin de matinée, ce mardi 5 novembre, sur le site industriel d’Alcatel Submarine Networks (ASN) à Calais (Pas-de-Calais). ) pour entériner la prise de participation majoritaire par l’État. En plein débat budgétaire au Parlement et la volonté de certains députés de remettre en question la participation de l’Etat pour faire des économies, le gouvernement a confirmé la future prise de participation à 80% dans l’ASN. Antoine Armand signera le contrat d’acquisition avec Nokia, l’actuel propriétaire, entouré des 600 salariés du site.

« Il s’agit d’une acquisition importante pour l’État. L’ASN détient 33 % de part de marché mondiale des câbles sous-marins, qui assurent la connectivité. L’entreprise est très présente sur la liaison entre l’Europe et l’Afrique, ainsi que sur la liaison transatlantique », explique Bercy.

Selon l’entourage du ministre, Alcatel Submarine Networks est la seule entreprise européenne capable de fabriquer, d’installer et d’entretenir ces câbles sous-marins, qui peuvent être victimes de piratage, voire de sabotage, dans un contexte géopolitique tendu. Une technologie importante sur laquelle la France souhaitait garder la main.

« Cela fait un moment que l’État tente de reprendre le contrôle de l’ASN. C’est notamment le cas depuis le rachat d’Alcatel par le finlandais Nokia. Il y a eu beaucoup de discussions entre les deux parties», souligne une source syndicale.

Comment l’État manœuvre pour qu’Alcatel Submarine Networks reste dans le giron français

« Opération susceptible d’être rentable »

Mais à quel prix ? Selon le ministère, « le chèque de l’Etat est estimé à 100 millions d’euros » pour les 80 % du capital de l’entreprise qui emploie 1 370 salariés en France. L’accord laisse toutefois la possibilité à l’Etat d’augmenter à terme 100% du capital d’Alcatel Submarine Networks. Ce nouvel investissement finira ainsi entre les mains de l’Agence des Participations de l’Etat (APE).

«Nous arrivons avec une vision actionnariale à long terme (…) L’enjeu est de développer l’activité de l’entreprise. Nous conserverons tous les emplois et maintiendrons la direction en place. A court terme, l’enjeu est commercial», selon l’APE, actionnaire de 85 entreprises stratégiques pour une valeur totale de 180 milliards d’euros.

Dans un contexte budgétaire incertain, l’entourage du ministre de l’Économie se veut rassurant : l’opération est financée grâce au compte d’affectation spéciale des participations financières de l’État. Ce choix offrirait une flexibilité financière, que le clôture de l’opération aura lieu en 2024 ou début 2025.

« C’est une opération qui devrait être rentable. Il s’agit donc d’un investissement de l’État et non d’une dépense. Nous allons nous concentrer sur le développement de la croissance de l’ASN », insiste Bercy.

Un plan d’investissement à finaliser

Avec un dernier chiffre d’affaires connu d’environ un milliard d’euros, le gouvernement estime que le chiffre d’affaires de l’ASN  » pourrait doubler, voire tripler dans les années à venir » face aux besoins croissants de connectivité dans le monde. L’activité câbles sous-marins sera portée notamment par les GAFAM, souhaitant tisser leurs propres réseaux numériques à travers le monde.

Afin de répondre à cette demande croissante, Nokia a investi ces dernières années plus de 100 millions d’euros sur le site de Calais, tout en augmentant la flotte de bateaux à disposition de l’entreprise, dans le cadre d’un plan baptisé « NEO ».  » Nokia a investi massivement dans ce site ces dernières années. Il n’y a pas forcément besoin d’un investissement immédiat dans l’outil de production », estime l’équipe du ministre de l’Économie.

Une vision un peu nuancée de la part des syndicats.  » Le plan NEO devait être achevé fin 2022 pour répondre à la demande dès 2023. Cependant, ce plan est toujours en cours de déploiement. », selon un représentant du personnel. Ce projet, historique par son ampleur, doit permettre à l’ASN de disposer d’une capacité de production de 50 000 kilomètres de câbles sous-marins chaque année. Pour l’instant, ce serait bien moins. En interne, les salariés s’inquiètent même d’une perte de compétences techniques due au renouvellement naturel des effectifs. Celles-ci ont augmenté de 30 % depuis 2019 sur le site de Calais.

« L’arrivée de l’Etat comme actionnaire majoritaire est une bonne nouvelle, c’est rassurant. Avec Nokia, les cultures d’entreprise étaient différentes et nous avions l’impression qu’elles étaient loin de nos enjeux », admet une source syndicale.

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