Les consultations se poursuivent, l’immigration au centre des débats
Les quelques liens de Michel Barnier avec le RN sur l’immigration pourraient pousser l’aile gauche du parti de Macron à s’en désolidariser. En parallèle, ce lundi, le Premier ministre poursuit ses consultations.
L’essentiel
- Après sa nomination, Michel Barnier poursuit ses consultations pour former lundi 9 septembre son futur gouvernement. Le nouveau Premier ministre reçoit aujourd’hui à 15 heures les représentants du groupe Liot. Ce dimanche, Edouard Philippe (Horizons) et François Bayrou (MoDem) ont été reçus à Matignon.
- Le Premier ministre « semble avoir la même vision que nous sur l’immigration », a déclaré Marine Le Pen dans une interview au quotidien français. Tribune du dimancheVendredi soir sur TF1, Michel Barnier a déclaré que la maîtrise des flux migratoires était l’une de ses priorités.
- De son côté, le ministre démissionnaire Roland Lescure a affirmé qu’il n’accorderait pas « automatiquement » sa confiance à Michel Barnier, dans un entretien à Libération lundi. « Je serai vigilant à ce que nous ne cédions pas aux achats du programme du RN (…) S’il faut aller piocher dans le programme du RN, ce sera sans moi », prévient cette figure de l’aile gauche du camp Macron.
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09h15 – « On lui donne une chance de changer de cap », estime Sébastien Chenu (RN)
De son côté, le RN a décidé de donner sa chance à Michel Barnier, même s’il ne fait pas partie du Rassemblement national. Ses propos sur l’immigration et sa proposition de moratoire, il y a trois ans, ont clairement séduit les membres du parti de Le Pen, qui ne risquent pas de le censurer, du moins en début de mandat.
« Pour éviter d’être censuré, il faudra que Michel Barnier aille au-delà des mots, qu’il nous dise ce qu’il compte faire (…) Il sera peut-être censuré sur son budget, ou un certain nombre de textes sur l’immigration, le pouvoir d’achat des Français ». En revanche, « on lui donne la chance de changer de cap, de nous montrer qu’il est capable de changer de logiciel », explique le député RN Sébastien Chenu, ce lundi sur Public Sénat.
09:04 – « S’il faut piocher dans le programme RN, ce sera sans moi », prévient Roland Lescure
Dans un entretien accordé lundi au quotidien Libération, le ministre démissionnaire Roland Lescure a indiqué qu’il n’accorderait pas automatiquement sa confiance à un gouvernement Barnier, notamment si certaines lignes rouges consacrées à l’immigration étaient franchies. « Ma confiance ne sera pas automatique. Je suis clair sur mes lignes rouges », a-t-il déclaré.
« Préservons l’immigration économique, préservons l’AME (…) Je serai vigilant pour que nous ne succombions pas aux achats du programme RN (…) S’il faut piocher dans le programme RN, ce sera sans moi », a-t-il déclaré.
Apprendre encore plus
Michel Barnier a été nommé Premier ministre jeudi 5 septembre. Dans les colonnes de AvisMercredi 4 septembre, le nom de l’ancien négociateur de l’Union européenne des conditions du Brexit et candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2022, qui entendait à l’époque « rassembler la droite, le centre et les autres », était apparu comme la meilleure option. Ministre sous Balladur, Juppé et Fillon, député de Savoie, sénateur ou encore député européen, le natif de La Tronche, près de Grenoble (Isère), aujourd’hui âgé de 73 ans, présente un CV politique pour le moins bien rempli.
Michel Barnier peut-il échapper à une motion de censure ?
L’ancien négociateur du Brexit devrait, comme les autres, être censuré par l’ensemble des députés du Nouveau Front populaire. « Barnier est un politique de droite. L’enjeu n’est même plus le casting, mais la ligne. Macron doit désormais assumer ce qu’il veut comme coalition au Parlement », a réagi le socialiste Pierre Jouvet au quotidien de la capitale mercredi soir. La ligne au sein de la gauche est assez claire depuis les résultats des législatives : tout gouvernement ayant une orientation différente de la leur sera censuré. Si des hésitations peuvent diviser l’alliance du Nouveau Front populaire sur quelques profils de centre gauche évoqués pour Matignon, il ne fait aucun doute qu’une censure des députés PS, écologistes, LFI et PCF contre une personnalité LR est à l’ordre du jour.
Michel Barnier pourrait toutefois gouverner s’il n’est pas censuré par les députés du Rassemblement national. C’est en réalité le facteur déterminant pour qu’une personnalité de droite soit nommée à Matignon, compte tenu de la faiblesse du bloc macroniste et du refus du bloc de gauche de participer à une coalition avec les macronistes : seul un accord implicite de Marine Le Pen peut permettre à un Premier ministre LR de se maintenir à la tête d’un gouvernement. Selon les premières déclarations de personnalités du RN jeudi 5 septembre, il est peu probable que le RN ne vote pas une motion de censure contre Michel Barnier.
GrP1