Les constructeurs chinois n’ont pas 10 ans d’avance sur les voitures électriques
Jusqu’à présent, les constructeurs chinois implantés en Europe n’ont encore rien révolutionné. Mais alors, d’où vient cette idée que les constructeurs chinois sont si loin devant nous ? C’était le thème de l’éditorial du bulletin d’information Watt Else du 16 mai.
Dans la guerre entre les pro et les anti chinois des voitures électriques, on entend souvent tout et son contraire. Dans Watt Else, j’avais déjà développé certains propos prêchés par les opposants aux marques chinoises. Mais parmi les plus favorables, un argument surprend aussi : les Chinois auraient 10 ans d’avance. Cela mérite que je me penche un peu plus sur le sujet.
En deux décennies, les constructeurs automobiles chinois sont passés du statut d’outsider à celui de dangereux concurrents des marques historiques. Leurs progrès sont fulgurants. Mais ont-ils vraiment autant d’avance qu’on leur en donne ? Pas si sûr.
Avancer uniquement pour une élite chinoise
Surtout, il conviendrait de séparer ce qui se passe en Chine de ce que les fabricants chinois parviennent à réaliser à l’exportation. La Chine compterait plus d’une centaine de marques nationales de véhicules à énergies nouvelles (électriques et hybrides), mais même les autorités peinent à confirmer le chiffre exact. Ce que nous voyons émerger comme une tendance en Europe ne représente qu’un petit échantillon du haut du panier. Dans ce joyeux désordre, certains constructeurs se démarquent par leurs capacités d’innovation, mais il est impossible de mettre toutes les marques dans le même panier.
La Chine a certainement 10 ans d’avance sur l’adoption des voitures électriques. Acheter une voiture électrique est devenu monnaie courante, les moyens mis par le gouvernement pour y parvenir sont conséquents. Le marché y est a priori mature, alors qu’en Europe (hors Norvège), nous travaillons toujours activement sur la question.
Nous le faisons d’abord, nous nous améliorons plus tard
La rapidité de sortie des nouveaux produits est impressionnante. Les nouveaux modèles chinois sortent en un peu plus de deux ans, alors que cela prend plus de deux fois plus de temps pour les marques européennes. Il en va de même pour les technologies de batterie ou de conduite autonome. Ces délais courts sont une illusion, car les Chinois ont adopté comme philosophie l’amélioration continue. Un produit n’est jamais vraiment finalisé lors de son lancement. Il continuera à être amélioré après le début de sa commercialisation. Il peut évoluer esthétiquement moins d’un an après son lancement pour corriger le tir.
En cas de panne, la fin de vie du produit est tout aussi rapide et sans atermoiements. La logique industrielle s’appuie sur de nombreuses évolutions communes afin de ne pas prendre de risques financiers disproportionnés sur un modèle particulier. Les plateformes évoluent également à un rythme effréné, les volumes de ventes en Chine contribuant (théoriquement) à rentabiliser beaucoup plus rapidement les investissements.
Les constructeurs chinois, comme Tesla, ont également cherché à améliorer l’industrialisation des voitures électriques pour en réduire les coûts, là où les acteurs historiques semblent bien plus réticents à changer de méthodes éprouvées. Tout cela réuni permet à certains constructeurs chinois d’apparaître en avance. Disons simplement qu’ils ne sont plus en retard.
En France, les voitures chinoises ne sont pas si folles
Certaines marques chinoises partent donc à la conquête de l’Europe, persuadées de faire mieux que la concurrence existante. Cependant, aucun modèle testé récemment n’a pu me convaincre d’affirmer qu’ils ont 10 ans d’avance. Le lancement de Xpeng en France le 15 mai prochain peut-il changer un peu la donne ? Cela reste encore à confirmer.
Plusieurs éléments vont généralement mal : les technologies valables en Chine ne fonctionnent pas (ou mal) en Europe, la consommation est élevée, la recharge sur bornes rapides a des résultats aléatoires, les performances réelles ne sont pas au rendez-vous et la qualité des matériaux et/ou des assemblages est parfois un problème. quelques années de retard.
Sans un prix attractif ni un changement d’approche, certaines marques se dirigent vers un échec commercial cuisant. Comme les Japonais et les Coréens avant elles, les marques chinoises ne pourront faire l’impasse de s’adapter aux goûts des clients des marchés qu’elles ciblent. En Europe, ils ne sont tout simplement pas les dirigeants qu’ils espéraient.
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