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Les constructeurs automobiles paniqués demandent à l’Europe de retarder le durcissement des normes CO₂

Luca de Meo, PDG de Renault et nouveau président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), lors d'une conférence de presse sur les perspectives du secteur en matière de mobilité zéro émission, à Bruxelles, le 31 janvier 2023.

Il s’agit d’une note blanche qui circule dans les cabinets ministériels et les organismes européens. Dans le jargon européen, on l’appelle « non-papier »Elle n’est pas signée, mais elle émane d’un grand constructeur automobile, dont le PDG préside également l’Association des constructeurs européens d’automobiles à Bruxelles (ACEA). Tout le monde aura reconnu Renault et Luca de Meo, même si l’entreprise ne fait aucun commentaire.

Ce document prône le recours à une disposition peu connue, l’article 122.1 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), sorte de « 49.3 européen », qui permettrait de différer en urgence l’application d’un règlement, en contournant le Parlement de Strasbourg.

Le but de ce document, qui Le monde pourrait lire, est de reporter de 2025 à 2027 le durcissement de la norme dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy) sur les émissions de dioxyde de carbone. A partir de 2025, le seuil moyen autorisé par véhicule diminuera de 15%, pour atteindre un maximum compris entre 90 grammes et 95 grammes de CO2 par kilomètre (un chiffre qui varie selon les calculs et les marques). Un constructeur automobile qui dépasserait la limite serait passible d’une amende de 95 euros par gramme excédentaire pour chaque voiture vendue. Compte tenu des ventes actuelles sur le marché européen, en 2025, la note de Renault estime que « Les sanctions pourraient atteindre 13 milliards d’euros pour les voitures particulières et 3 milliards pour les véhicules utilitaires ».

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Un véhicule thermique à hautes performances, rappelle la note, émet actuellement en moyenne 120 grammes de CO2 par kilomètre. Pour respecter la norme CAFE, un constructeur devra donc vendre un « wattage » (100 % électrique) pour quatre véhicules thermiques. Or, le marché électrique européen « stagne depuis plus d’un an à moins de 15% pour les voitures particulières et 7% pour les véhicules utilitaires »le document précise. Ce qui rend l’objectif impossible à atteindre.

Trois solutions pour éviter l’amende

Les constructeurs ont trois options pour éviter l’amende. La première, prévient la note, serait dramatique pour l’emploi. Il s’agit de réduire la production de véhicules thermiques de plus de deux millions d’unités et celle des fourgonnettes de 700 000 unités. « l’équivalent de plus de huit usines européennes ».

La deuxième consiste à conclure un accord avec des constructeurs américains ou chinois (Tesla, Volvo, filiale de Geely, ou MG par exemple) pour leur acheter des crédits carbone. « mise en commun » Cela revient à subventionner les concurrents, au moment où l’Europe tente d’introduire des droits de douane pour les freiner. « Dans tous les cas, détaille la note, « Vu la part de marché actuelle des véhicules électriques en Europe, la mutualisation ne suffirait pas » pour éviter les amendes.

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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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