L’industrie automobile allemande traverse une période difficile. En juillet, les ventes de voitures ont encore chuté (-2,1%) en Allemagne. Alourdi par la forte baisse du segment électrique (-36,8% vs la même période en 2023) qui poursuit sa dégringolade abyssale avec un sixième mois consécutif négatif. Depuis la fin des subventions écologiques, les ventes de BEV en Allemagne manquent sérieusement de jus. Leur part de marché s’effrite, passant de 18,5% en juin 2023 à 13% au premier semestre 2024.
Après s’être lancés à corps perdu dans le tout électrique, faisant de l’Allemagne le premier producteur européen de voitures électriques (1,27 million d’unités électrifiées, dont 995 000 100% électriques) en 2023, les constructeurs outre-Rhin ont décidé de ralentir la cadence sur ce segment face aux incertitudes du marché. Il est urgent d’attendre.
VW est génial
Après avoir dépensé des milliards d’euros dans le développement de voitures électriques, les géants de l’automobile allemand jouent désormais la montre. Face aux risques de surproduction et de stockage, l’industrie automobile allemande reporte ou ralentit ses programmes d’investissement dans les futurs modèles électriques. Parmi eux, Volkswagen et Mercedes comptent bien jouer la carte de la mezzo voce.
VW a vendu moins de véhicules électriques entre janvier et juin 2024 (-2,1%) qu’à la même période en 2023. Sur l’ensemble du premier semestre, le groupe de Wolfsburg a enregistré 317 200 BVE contre 321 600 à la même période l’an dernier. Face à cette situation, la firme promet des réductions de coûts plus importantes. Volkswagen confirme qu’il ne renouvellera pas 1.000 contrats à durée déterminée de son usine de Zwickau, qui sera convertie à 100% en modèles électriques en 2022 (un investissement de 1,2 milliard d’euros). L’usine saxonne tourne actuellement en sous-capacité, assemblant 240.000 voitures par an au lieu des 360.000 prévues. Afin de relancer l’activité, le groupe pourrait y implanter une unité d’assemblage de véhicules thermiques.
Mercedes pleure
Mercedes a également connu un semestre compliqué avec une chute de 17,3% de ses ventes de BVE sur les 6 premiers mois de l’année, avec seulement 93.400 voitures électriques livrées. La marque à l’étoile a également annoncé fin juillet une baisse de 15,9% de son bénéfice net au deuxième trimestre. Au point de revoir ses perspectives de rentabilité 2024.entre 10 et 11%« au lieu de »10 à 12% » annoncé. La dynamique de la pénétration des voitures 100% électriques sur le marché est « plus faible que ce que l’industrie et les observateurs pensaient il y a quatre ans« , a reconnu Ola Källenius, PDG du groupe. Face à cela « incertitude« Les usines Mercedes sont »organisé de manière flexible« , poursuit-il. Clairement, comme pour VW, Mercedes n’exclut pas de produire des voitures thermiques sur les mêmes lignes que les modèles électriques.
BMW rit
Loin du pessimisme ambiant, BMW enregistre une hausse de 34,1 % (179 557 unités) des ventes de modèles entièrement électriques au premier semestre 2024. Avec Mini, 190 622 unités ont été immatriculées depuis le début de l’année. Face aux pâles résultats de ses confrères concurrents, le constructeur munichois affiche un visage radieux avec une croissance de ses ventes mondiales de +2,3 % par rapport à la même période l’année précédente. Une exception dans le contexte actuel. Au cours des six premiers mois de l’année, nous avons enregistré une croissance à deux chiffres de nos véhicules entièrement électriques et de nos modèles haut de gamme » se réjouit Jochen Goller, membre du conseil d’administration.
Des perspectives sombres
« L’industrie automobile s’enfonce dans la crise « , analyse Anita Wölfl, de l’Institut Ifo, nous ne devons pas » attendez-vous à une amélioration significative dans les mois à venir » Le déclin important des véhicules électriques contrecarre l’objectif du gouvernement allemand de voir 15 millions de voitures zéro émission circuler sur les routes du pays d’ici 2030. La percée des véhicules électriques (14,6 % de parts de marché en Europe) semble avoir atteint un plafond. Les raisons en sont leur positionnement et leur prix. Les modèles électriques vendus se situent dans les segments supérieurs, avec un ticket d’entrée d’environ 40 000 euros. Les fabricants ont du mal à développer des modèles d’entrée de gamme. Il est donc difficile de populariser les modèles à batterie, un segment sur lequel la concurrence asiatique entre en force. D’autant que la « digues » Les douanes européennes risquent de céder face à l’installation de sites de production de constructeurs chinois sur le sol européen. Quand l’Allemagne, premier producteur automobile européen, tousse, c’est toute l’Europe qui s’enrhume. La preuve : les ventes de voitures électriques (VE) dans l’UE augmentent de 9 % au premier semestre 2024, hors Allemagne. Avec, la hausse n’est que de 1 %.