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« Les communautés ont peur » et s’adaptent en fonction de la « couleur de peau »

Les rues anglaises ont été envahies mercredi par des manifestants antiracistes, rassemblés en masse après plus de dix jours d’émeutes racistes et islamophobes. Mais alors que la police table désormais sur un retour au calme d’ici la fin de la semaine, les traces de violences des militants d’extrême droite restent bien visibles.

Partout en Angleterre, les cabinets de médecins et d’avocats ont fermé leurs portes par précaution ces derniers jours, remplaçant les rendez-vous par visioconférence. Dans le quartier londonien de Walthamstow, plusieurs magasins se sont barricadés, craignant des pillages. De dimanche à mercredi, la fréquentation des rues commerçantes du Royaume-Uni a chuté de 4,8%, par rapport aux jours précédant les émeutes, rapporte le Daily Mail. TuteurLa baisse fut encore plus marquée dans le nord de l’Angleterre et dans le Yorkshire, où les émeutes furent les plus nombreuses.

« Je ne me suis jamais senti aussi en danger »

Brendan Nwabichie, un aide-soignant, a retrouvé sa voiture calcinée devant chez lui après 12 heures de travail. « Ce n’était plus une voiture mais un tas de ferraille, je ne la reconnaissais même pas. Je suis allé aux toilettes, j’ai pleuré parce que je sais ce que ça m’a coûté d’économiser suffisamment pour l’acheter », a-t-il raconté à la BBC. « Je ne me suis jamais senti aussi en danger », a-t-il ajouté. Tuteur Samir, médecin urgentiste, a émigré d’Egypte il y a quatre ans.

Habitant dans le quartier de Wembley à Londres, Rémi, qui travaille dans le marketing, n’a pas été directement concerné par les émeutes. Mais alors qu’il «devait passer la soirée avec une amie d’origine nigériane pour aller à un concert dans le centre de Londres», elle a préféré annuler, raconte-t-il. 20 minutes« Sa sœur, qui travaille dans une chaîne de télévision, a également été sommée de rentrer plus tôt à la maison pour des raisons de sécurité en raison de sa couleur de peau. »

Cette « panique » qui s’est emparée de la capitale anglaise était déjà très présente, les jours précédents, dans les villes du Nord. « Certains réseaux sociaux ont alerté les habitants de Manchester sur les zones à risques, donc je me suis préparée et j’ai pris mes précautions », raconte Tania. A Liverpool, « un de mes collègues, originaire d’Inde, évitait de se rendre dans son club de badminton », situé près de Sefton Park, non loin d’une zone où il y a eu des émeutes, nous raconte Anne-Sophie. Manager chez Unilever, la Française reconnaît que l’ambiance au travail est devenue très pesante. « Beaucoup de gens sont inquiets et angoissés pour leur sécurité, celle de leurs proches. »

Le « racisme de rue » en hausse depuis le Brexit

Ces derniers jours, « les bureaux étaient très calmes car beaucoup de gens préféraient travailler de chez eux de peur d’être pris dans une émeute ou d’être la cible d’une attaque raciste ». Dans la ville sur la Mersey, à 50 kilomètres de Southport, « pas mal de magasins ont été pillés », la bibliothèque du hub de Spellow a été attaquée et les émeutiers « ont tenté de mettre le feu à un hôtel abritant des réfugiés », raconte Anne-Sophie. A Manchester, Tania travaille avec des demandeurs d’asile. « Toute l’équipe a pris des précautions, certains ateliers organisés dans la ville ont dû être délocalisés ou reprogrammés », explique-t-elle.

Toutes nos informations sur les émeutes au Royaume-Uni

Pour Rémi, ces tensions sont l’expression d’un « racisme de rue » en hausse depuis le Brexit. « Il y a une extrême droite ambiante, dont on ne sait pas combien il y en a » et qui n’est pas directement représentée au pouvoir. « Les communautés ont peur. » Après la publication d’une liste de lieux que les émeutiers envisageaient d’attaquer, Rémi s’est « mobilisé sur une boucle WhatsApp d’expatriés français de gauche » pour « faire face ». Finalement, dans tout le pays, seuls des manifestants antiracistes étaient dans les rues. « J’ai été surprise », avoue Tania, mais « Manchester est connue pour sa communauté chaleureuse et accueillante, c’était un vrai reflet de ses habitants », se réjouit-elle. L’absence de militants d’extrême droite a été « un soulagement » pour Rémi, mais qui pourrait être de courte durée avec l’arrivée du week-end et des hooligans.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides

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