« Les clients de Ryanair à Bordeaux vont être rapidement remplacés, nous ne sommes pas inquiets »
Une semaine après l’annonce retentissante par Ryanair de la fermeture de sa base bordelaise à partir de novembre prochain, Patrick Seguin sort de son silence pour donner le point de vue de la Chambre de commerce et d’industrie de Gironde. Avec 25 % du capital, l’autorité consulaire est le deuxième actionnaire de l’aéroport de Bordeaux Mérignac après l’État (60 %) et devant les collectivités locales (15 %). Et son président n’exprime ni tristesse ni inquiétude de voir le départ de la compagnie low-cost irlandaise qui opérait en Gironde depuis 2009 avant d’y ouvrir une base en 2019.
Les relations ont toujours été compliquées avec Ryanair qui a des pratiques commerciales un peu particulières, rappelle Patrick Seguin, qui évoque « un conflit de six ans devant le tribunal arbitral de Genève puis la volonté de Ryanair de renégocier ses conditions tarifaires en demandant une remise commerciale substantielle « . C’est face au refus de l’aéroport que la compagnie irlandaise a décidé de poser ses valises : » Nous n’avons pas du tout apprécié le chantage à l’emploi de Ryanair mais ces contrats low-cost faisaient perdre de l’argent à l’aéroport donc ce n’est pas une mauvaise nouvelle d’y mettre un terme », poursuit Patrick Seguin. » Je ne vous dirai pas que je suis triste parce que ce n’est pas le cas. Je ne suis pas fan du low-cost qui n’est pas un modèle économique, écologique et sociétal durable. », a également déclaré Pierre Hurmic, le maire écologiste de Bordeaux, sur TV7.
Une clientèle « vite remplacée »
D’autant que Patrick Seguin, qui représente le tissu économique girondin, ne s’inquiète pas de l’impact que pourrait avoir ce départ sur les flux touristiques : « Ryanair s’en va… Ce n’est pas une mauvaise nouvelle. Nous avons déjà une quarantaine de compagnies aériennes intéressées à reprendre les créneaux libérés. La clientèle de Ryanair va rapidement être remplacée, nous ne sommes pas inquiets ! » D’autant que le départ de la compagnie irlandaise devrait permettre à l’aéroport d’atteindre plus facilement son objectif de réduction de la part du trafic low-cost. De 72 % en 2023, le low-cost a vocation à être réduit à 60 % puis 50 % d’ici 2027. Easyjet et Volotea continuent d’opérer depuis Bordeaux et pourraient récupérer des créneaux libérés par leur concurrent.
Mais le départ de Ryanair, qui représentait l’an dernier plus de 20% du trafic bordelais, pourrait néanmoins pénaliser, au moins temporairement, l’économie touristique girondine qui traverse une conjoncture économique compliquée. » On assiste à une morosité ambiante en ce début d’année 2024 avec une situation économique qui n’est pas brillante, plutôt décevante. Les entreprises ont des problèmes de trésorerie, de carnet de commandes et de marge », raconte Patrick Séguin. 755 dossiers de procédures collectives ont ainsi été enregistrés en Gironde au premier trimestre 2024, soit une augmentation de 55% par rapport au dernier trimestre 2023 et par rapport aux 1 668 dossiers pour l’ensemble de l’année dernière.
Ces difficultés se cristallisent dans trois secteurs : le bâtiment, les cafés-hôtels-restaurants et le secteur vitivinicole. » Nous nous inquiétons de cette multiplication de dossiers qui ne peuvent plus survivre avec pour effet de rattraper coûte que coûte, le remboursement des prêts garantis par l’Etat et les impayés Urssaf et impôts. », contextualise Patrick Seguin, appelant une nouvelle fois les chefs d’entreprise à anticiper davantage les difficultés en saisissant le tribunal de commerce dans les plus brefs délais.