les civils fuyant le Liban prennent le risque de rentrer illégalement en Syrie
Plusieurs centaines de milliers de civils se dirigent vers la Syrie et prennent le risque de pénétrer parfois illégalement dans la zone contrôlée par le régime de Bachar el Assad. Franceinfo s’est rendu avec un passeur et des civils syriens sur l’une de ces routes interdites.
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Le nombre de personnes déplacées explose au Liban alors que la guerre se poursuit entre le Hezbollah et l’armée israélienne. On estime que 1 300 000 personnes ont quitté le sud du pays ou la banlieue sud de Beyrouth. Plusieurs centaines de milliers de civils libanais gagnent même la Syrie, entrant parfois illégalement dans la zone contrôlée par le régime de Bachar al-Assad.
Sur les montagnes rocheuses près de la ville de Masnaa, des dizaines de familles tentent de rejoindre illégalement la Syrie, à pied, sans aucun bagage à la main. Nader est parti avec ses petites-filles. Il y a quelques jours, leur maison, dans la banlieue sud de Beyrouth, a été entièrement détruite. « Cela fait 13 ans que je n’ai pas vu la Syrie pour la dernière foisdit Nader. Ici les passeurs se battent pour nous avoir, ils ne demandent que dix dollars par personne. Nous essayons simplement de donner un avenir à nos enfants. »
Il y a quelques minutes, l’armée israélienne a annoncé qu’elle allait bombarder le point de passage, accusant le Hezbollah d’y faire entrer clandestinement des armes. Un passeur nous raconte qu’il a baissé ses prix pour passer la frontière. Avant la guerre, le passage coûtait 150 dollars et chaque jour, 80 personnes empruntaient ces itinéraires interdits. Aujourd’hui, il y en a plus d’un millier par jour.
Ali marche au fond de la file, il est originaire de Deir Ezzor, en Syrie. « Je viens du sud, je n’ai pris avec moi que les vêtements que je porteil explique. Je n’ai pas vu la Syrie depuis 25 ans, je suis terrifié. Je n’ai jamais connu mon pays en guerre. » La plupart de ces réfugiés sont sans papiers, selon les passeurs, un tiers d’entre eux sont recherchés par le régime de Bachar el Assad, et risquent la mort si l’armée de l’autre côté les arrête. Depuis plusieurs jours, l’armée libanaise laisse passer les réfugiés sans tenter de les arrêter.
Mohammad, un jeune agriculteur syrien de la région, pourrait lui aussi partir. Fuyez les bombardements israéliens qui frappent sa région de la Bekaa. Il a pourtant choisi de rester. « Je ne peux pas revenir parce que je n’ai pas fait mon service militaire en Syrie, je pourrais y rester 10 ou 15 ans ».explique Mohammad. Malgré la guerre au Liban, de nombreux jeunes comme moi ne peuvent pas retourner en Syrie. Et puis il y a encore la guerre là-bas, il n’y a plus de travail pour vivre, plus rien du tout… On ne sait pas ce qui peut nous arriver. »
On estime que 300 000 personnes sont déplacées en Syrie. Des Libanais, mais aussi des Syriens qui ne savent pas ce qui les attend de l’autre côté. Vendredi matin, l’armée israélienne a finalement bombardé le passage de Masnaa. Ces civils en fuite n’échappent jamais vraiment au spectre de la guerre.